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" Écoutez , mes bons enfants , dit - elle en regardant Natalie et Paul ; s' il en est ainsi , je vais vous proposer une affaire . Je suis forcée de vendre mon collier de perles et mes boucles d' oreilles . Oui , Paul , je ne veux pas mettre un sou de ma fortune en rentes viagères , je n' oublie pas ce que je vous dois . Eh bien , j' avoue ma faiblesse , vendre le Discreto me semble un désastre .
Vendre un diamant qui porte le surnom de Philippe II , et dont fut ornée sa royale main , une pierre historique que pendant dix ans le duc d' Albe a caressée sur le pommeau de son épée , non , ce ne sera pas .
Élie Magus a estimé mes boucles d' oreilles et mon collier à cent et quelques mille francs , échangeons - les contre les joyaux que je vous livre pour accomplir mes engagements envers ma fille ; vous y gagnerez mais qu' est - ce que cela me fait ! je ne suis pas intéressée .
Ainsi , Paul , avec vos économies vous vous amuserez à composer pour Natalie un diadème ou des épis , diamant à diamant . Au lieu d' avoir ces parures de fantaisie , ces brimborions qui ne sont à la mode que parmi les petites gens , votre femme aura de magnifiques diamants avec lesquels elle aura de véritables jouissances .
Vendre pour vendre , ne vaut - il pas mieux se défaire de ces antiquailles , et garder dans la famille ces belles pierreries ?
- Mais , ma mère , et vous ? dit Paul .
- Moi , répondit Mme Évangélista , je n' ai plus besoin de rien . Oui , je vais être votre fermière à Lanstrac . Ne serait - ce pas une folie que d' aller à Paris au moment où je dois liquider ici le reste de ma fortune ? Je deviens avare pour mes petits - enfants .
- Chère mère , dit Paul tout ému , dois - je accepter cet échange sans soulte ?
- Mon Dieu ! n' êtes - vous pas mes plus chers intérêts ! croyez - vous qu' il n' y aura pas pour moi du bonheur à me dire au coin de mon feu : " Natalie arrive ce soir brillante au bal chez la duchesse de Berry ! en se voyant mon diamant au cou , mes boucles d' oreilles , elle a ces petites jouissances d' amour - propre qui contribuent tant au bonheur d' une femme et la rendent gaie , avenante ! " Rien n' attriste plus une femme que le froissement de ses vanités , je n' ai jamais vu nulle part une femme mal mise être aimable et de bonne humeur .
Allons , soyez juste , Paul ! nous jouissons beaucoup plus en l' objet aimé qu' en nous - même .
"
" Mon Dieu ! que voulait donc dire Mathias ? " pensait Paul . " Allons , maman , dit - il à demi - voix , j' accepte .
CONTRAT DE MARIAGE (III, privé)
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