----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Assise près des deux notaires , Mme Évangélista prêtait la plus scrupuleuse attention à la lecture des pièces . Après avoir entendu le compte de la tutelle , savamment rédigé par Solonet , et qui , de trois millions et quelques cent mille francs laissés par M . Évangélista , réduisait la part de Natalie aux fameux onze cent cinquante - six mille francs , elle dit au jeune couple : " Mais écoutez donc , mes enfants , voici votre contrat ! " Le clerc but un verre d' eau sucrée , Solonet et Mathias se mouchèrent .
Paul et Natalie regardèrent ces quatre personnages , écoutèrent le préambule et se remirent à causer .
L' établissement des apports , la donation générale en cas de mort sans enfants , la donation du quart en usufruit et du quart en nue propriété permise par le Code quel que soit le nombre des enfants , la constitution du fonds de la communauté , le don des diamants à la femme , des bibliothèques et des chevaux au mari , tout passa sans observations .
Vint la constitution du majorat .
Là , quand tout fut lu et qu' il n' y eut plus qu' à signer , Mme Évangélista demanda quel serait l' effet de ce majorat .
" Le majorat , madame , dit Me Solonet , est une fortune inaliénable , prélevée sur celle des deux époux et constituée au profit de l' aîné de la maison , à chaque génération , sans qu' il soit privé de ses droits au partage général des autres biens .
- Qu' en résultera - t - il pour ma fille ? " demanda - t - elle .
Me Mathias , incapable de déguiser la vérité , prit la parole : " Madame , le majorat étant un apanage distrait des deux fortunes , si la future épouse meurt la première en laissant un ou plusieurs enfants dont un mâle , M .
le comte de Manerville leur tiendra compte de trois cent cinquante - six mille francs seulement , sur lesquels il exercera sa donation du quart en usufruit , du quart en nue propriété .
Ainsi sa dette envers eux est réduite à cent soixante mille francs environ , sauf ses bénéfices dans la communauté , ses reprises , etc . Au cas contraire , s' il décédait le premier , laissant également des enfants mâles , Mme de Manerville aurait droit à trois cent cinquante - six mille francs seulement , à ses donations sur les biens de M .
de Manerville qui ne font point partie du majorat , à ses reprises en diamants , et à sa part dans la communauté .
"
Les effets de la profonde politique de Me Mathias apparurent alors dans tout leur jour .
CONTRAT DE MARIAGE (III, privé)
Page: 596