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Les deux Chouans saisirent de nouveau Galope - chopine , le couchèrent sur le banc , où il ne donna plus d' autres signes de résistance que ces mouvements convulsifs produits par l' instinct de l' animal ; mais enfin il poussa quelques hurlements sourds qui cessèrent aussitôt que le son lourd du couperet eut retenti . La tête fut tranchée d' un seul coup . Marche - à - terre prit cette tête par une touffe de cheveux , sortit de la chaumière , chercha et trouva dans le grossier chambranle de la porte un grand clou autour duquel il tortille les cheveux qu' il tenait , et y laissa pendre cette tête sanglante à laquelle il ne ferma seulement pas les yeux .
Les deux Chouans se lavèrent les mains sans aucune précipitation , dans une grande terrine pleine d' eau , reprirent leurs chapeaux , leurs carabines , et franchirent l' échalier en sifflant l' air de la ballade du Capitaine .
Pille - miche entonna d' une voix enrouée , au bout du champ , ces strophes prises au hasard dans cette naïve chanson dont les rustiques cadences furent emportés par le vent .
à la première ville ,
Son amant l' habille
Tout en satin blanc ;
à la seconde ville ,
Son amant l' habille
En or , en argent .
Elle était si belle
Qu' on lui tendait les voiles
Dans tout le régiment .
Cette mélodie devint insensiblement confuse à mesure que les deux Chouans s' éloignaient ; mais le silence de la campagne était si profond , que plusieurs notes parvinrent à l' oreille de Barbette , qui revenait alors au logis en tenant son petit gars par la main .
Une paysanne n' entend jamais froidement ce chant , si populaire dans l' ouest de la France ; aussi Barbette commença - t - elle involontairement les premières strophes de la ballade .
Allons , partons , belle ,
Partons pour la guerre ,
Partons , il est temps .
LES CHOUANS (VIII, milit)
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