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" Ne vois - tu pas les Bleus ? s' écriait aigrement Barbette . Viens - tu ici , petit méchant gars , ou je vais à toi ! Veux - tu donc attraper des coups de fusil . Allons , sauve - toi vitement . "
Pendant tous ces petits événements qui se passèrent rapidement , un Bleu sauta dans la marais .
" Beau - pied " , lui cria Mlle de Verneuil .
Beau - pied accourut à cette voix et ajusta le comte un peu mieux que ne le faisait sa libératrice .
" Aristocrate , dit le malin soldat , ne bouge pas ou je te démolis comme la Bataille , en deux temps .
- Monsieur Beau - pied , reprit Mlle de Verneuil d' une voix caressante , vous me répondez de ce prisonnier . Faites comme vous voudrez , mais il faudra me le rendre sain et sauf à Fougères .
- Suffit , madame .
- La route jusqu' à Fougères est - elle libre maintenant ?
- Elle est sûre , à moins que les Chouans ne ressuscitent . "
Mlle de Verneuil s' arma gaiement du léger fusil de chasse , sourit avec ironie en disant à son prisonnier : " Adieu , monsieur le comte , au revoir ! " et s' élança dans le sentier après avoir repris son large chapeau .
" J' apprends un peu trop tard , dit amèrement le comte de Bauvan , qu' il ne faut jamais plaisanter avec l' honneur de celles qui n' en ont plus .
- Aristocrate , s' écria durement Beau - pied , si tu ne veux pas que je t' envoie dans ton ci - devant paradis , ne dis rien contre cette belle dame . "
Mlle de Verneuil revint à Fougères par les sentiers qui joignent les roches de Saint - Sulpice au Nid - aux - crocs . Quand elle atteignit cette dernière éminence et qu' elle courut à travers le chemin tortueux pratiqué sur les aspérités du granit , elle admira cette jolie petite vallée du Nançon naguère si turbulente , alors parfaitement tranquille .
Vu de là , le vallon ressemblait à une rue de verdure . Mlle de Verneuil rentra par la porte Saint - Léonard , à laquelle aboutissait ce petit sentier .
Les habitants , encore inquiets du combat qui , d' après les coups de fusil entendus dans le lointain , semblait devoir durer pendant la journée , y attendaient le retour de la garde nationale pour reconnaître l' étendue de leurs pertes .

LES CHOUANS (VIII, milit)
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