----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

" La plaque est dans une table de granit qui à dix pouces de profondeur . Nous les entendons , et ils ne nous entendent pas . "
Puis il prit doucement la main de sa libératrice , la plaça vers une fissure par où sortaient des bouffées de vent frais , et elle devina que cette ouverture avait été pratiquée dans le tuyau de la cheminée .
" Ah ! ah ! reprit d' Orgemont . Diable ! les jambes me cuisent un peu ! Cette Jument de Charrette , comme on l' appelle à Nantes , n' est pas assez sotte pour contredire ses fidèles : elle sait bien que , s' ils n' étaient pas si brutes , ils ne se battraient pas contre leurs intérêts .
La voilà qui prie aussi . Elle doit être bonne à voir en disant son ave à sainte Anne d' Auray . Elle ferait mieux de détrousser quelque diligence pour me rembourser les quatre mille francs qu' elle me doit .
Avec les intérêts , les frais , ça va bien à quatre mille sept cent quatre vingts francs et des centimes ... "
La prière finie , les Chouans se levèrent et partirent . Le vieux d' Orgemont serra la main de Mlle de Verneuil , comme pour la prévenir que néanmoins le danger existait toujours .
" Non , madame , s' écria Pille - miche après quelques minutes de silence , vous resteriez là dix ans , ils ne reviendront pas .
- Mais elle n' est pas sortie , elle doit être ici , dit obstinément la Jument de la Charrette .
- Non , madame , non , ils se sont envolés à travers les murs . Le diable n' a - t - il pas déjà emporté là , devant nous , un assermenté ?
- Comment ! toi , Pille - miche , avare comme lui , ne devines - tu pas que le vieux cancre aura bien pu dépenser quelques milliers de livres pour construire dans les fondations de cette voûte un réduit dont l' entrée est cachée par un secret ? "
L' avare et la jeune fille entendirent un gros rire échappé à Pille - miche .
" Ben vrai , dit - il .
- Reste ici , reprit Mme du Gua . Attends - les à la sortie . Pour un seul coup de fusil je te donnerai tout ce que tu trouveras dans le trésor de notre usurier . Si tu veux que je te pardonne d' avoir vendu cette fille quand je t' avais dit de la tuer , obéis - moi . "

LES CHOUANS (VIII, milit)
Page:1085