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- à plonger mon épée dans le ventre de la République , reprit le marquis d' une voix tonnante , à me donner Fougères en trois jours et toute la Bretagne en dix ! Allez , monsieur , dit - il d' une voix plus douce , partez pour la Vendée ; que d' Autichamp , Suzannet , l' abbé Bernier marchent seulement aussi rapidement que moi ; qu' ils ne traitent pas avec le Premier consul , comme on me le fait craindre ( là il serra fortement la main du Vendéen ) , nous serons alors dans vingt jours à trente lieues de Paris .
- Mais la République envoie contre nous soixante mille hommes et le général Brune .
- Soixante mille hommes ! vraiment ? reprit le marquis avec un rire moqueur . Et avec quoi Bonaparte ferait - il la campagne d' Italie ? Quant au général Brune , il ne viendra pas , Bonaparte l' a dirigé contre les Anglais en Hollande , et le général Hédouville , l' ami de notre ami Barras , le remplace ici .
Me comprenez - vous ? "
En l' entendant parler ainsi , M . de Fontaine regarda le marquis de Montauran d' un air fin et spirituel qui semblait lui reprocher de ne pas comprendre lui - même le sens des paroles mystérieuses qui lui étaient adressées .
Les deux gentilshommes s' entendirent alors parfaitement , mais le jeune chef répondit avec un indéfinissable sourire aux pensées qu' ils s' exprimèrent des yeux : " Monsieur de Fontaine , connaissez - vous mes armes ? ma devise est : Persévérer jusqu' à la mort .
"
Le comte de Fontaine prit la main de Montauran et la lui serra en disant : " J' ai été laissé pour mort aux Quatre - Chemins , ainsi vous ne doutez pas de moi ; mais croyez à mon expérience , les temps sont changés .
- Oh ! oui , dit La Billardière qui survint . Vous êtes jeune , marquis . Écoutez - moi ? vos biens n' ont pas tous été vendus ...
- Ah ! concevez - vous le dévouement sans sacrifice ! dit Montauran .
- Connaissez - vous bien le Roi ? dit La Billardière .
- Oui !
- Je vous admire .
- Le Roi , répondit le jeune chef , c' est le prêtre , et je me bats pour la Foi ! "

LES CHOUANS (VIII, milit)
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