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- On sentait la nécessité de vivre vite et beaucoup , répondit - elle , parce qu' on avait alors peu de temps à vivre . " Et après avoir lancé à son jeune compagnon un regard qui semblait lui montrer le terme de leur court voyage , elle ajouta malicieusement : " Vous êtes bien instruit des choses de la vie , pour un jeune homme qui sort de l' École ?
- Que pensez - vous de moi ? demanda - t - il après un moment de silence . Dites - moi votre opinion sans ménagements .
- Vous voulez sans doute acquérir ainsi le droit de me parler de moi ? ... répliqua - t - elle en riant .
- Vous ne répondez pas , reprit - il après une légère pause . Prenez garde , le silence est souvent une réponse .
- Ne deviné - je pas tout ce que vous voudriez pouvoir me dire ? Hé ! mon Dieu , vous avez déjà trop parlé .
- Oh ! si nous nous entendons , reprit - il en riant , j' obtiens plus que je n' osais espérer . "
Elle se mit à sourire si gracieusement qu' elle parut accepter la lutte courtoise de laquelle tout homme se plaît à menacer une femme . Ils se persuadèrent alors , autant sérieusement que par plaisanterie , qu' il leur était impossible d' être jamais l' un pour l' autre autre chose que ce qu' ils étaient en ce moment .
Le jeune homme pouvait se livrer à une passion qui n' avait point d' avenir , et Marie pouvait en rire .
Puis quand ils eurent élevé ainsi entre eux une barrière imaginaire , ils parurent l' un et l' autre fort impressés de mettre à profit la dangereuse liberté qu' ils venaient de stipuler . Marie heurta tout à coup une pierre et fit un faut pas .
" Prenez mon bras , dit l' inconnu .
- Il le faut bien , étourdi ! Vous seriez trop fier si je refusais . N' aurais - je pas l' air de vous craindre ?
- Ah ! mademoiselle , répondit - il en lui pressant le bras pour lui faire sentir les battements de son coeur , vous allez me rendre fier de cette faveur .
- Eh bien , ma facilité vous ôtera vos illusions .
- Voulez - vous déjà me défendre contre le danger des émotions que vous causez ?

LES CHOUANS (VIII, milit)
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