----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Au premier ordre , les plus valides des Chouans se mirent en ligne et présentèrent un front respectable , derrière lequel les blessés et le reste des leurs se retirèrent pour charger leurs fusils . Puis tout à coup , avec cette agilité dont l' exemple a déjà été donné par Marche - à - terre , les blessés gagnèrent le haut de l' éminence qui flanquait la route à droite , et y furent suivis par la moitié des Chouans , qui la gravirent lestement pour en occuper le sommet , en ne montrant plus aux Bleus que leurs têtes énergiques .
Là , ils se firent un rempart des arbres , et dirigèrent les canons de leurs fusils sur le reste de l' escorte qui , d' après les commandements réitérés de Hulot , s' était rapidement mis en ligne , afin d' opposer sur la route un front égal à celui des Chouans .
Ceux - ci reculèrent lentement et défendirent le terrain en pivotant de manière à se ranger sous le feu de leurs camarades .
Quand ils atteignirent le fossé qui bordait la route , ils grimpèrent à leur tour le talus élevé dont la lisière était occupée par les leurs , et les rejoignirent en essuyant bravement le feu des Républicains qui les fusillèrent avec assez d' adresse pour joncher de corps le fossé .
Les gens qui couronnaient l' escarpement répondirent par un feu non moins meurtrier .
En ce moment , la garde nationale de Fougères arriva sur le lieu du combat au pas de course , et sa présence termina l' affaire .
Les gardes nationaux et quelques soldats échauffés dépassaient déjà la berme de la route pour s' engager dans les bois ; mais le commandant leur cria de sa voix martiale : " Voulez - vous vous faire démolir là - bas ! "
Ils rejoignirent alors le bataillon de la République , à qui le champ de bataille était resté non sans de grandes pertes . Tous les vieux chapeaux furent mis au bout des baïonnettes , les fusils se hissèrent , et les soldats crièrent unanimement , à deux reprises : " Vive la République ! " Les blessés eux - mêmes , assis sur l' accotement de la route , partagèrent cet enthousiasme , et Hulot pressa la main de Gérard en lui disant : " Hein ! voilà ce qui s' appelle des lapins ? "

LES CHOUANS (VIII, milit)
Page: 938