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Je viens donc vous demander simplement de nous donner à ferme les terres situées au débouché du Gabou sur les communaux , avec une petite partie de bois au revers de la Roche = Vive . Vous aurez là , vers juillet , beaucoup d' ouvriers , il sera donc alors facile de bâtir une ferme dans une situation favorable , sur une éminence . Nous y serons heureux . Je ferai venir Guépin . Mon pauvre libéré travaillera comme un cheval , je le marierai peut = être .
Mon garçon n' est pas un fainéant , personne ne viendra nous regarder dans le blanc des yeux , nous coloniserons ce coin de terre , et je mettrai mon ambition à vous y faire une fameuse ferme .
D' ailleurs , j' ai à vous proposer pour fermier de votre grande ferme un cousin de Catherine qui a de la fortune , et qui sera plus capable que moi de conduire une machine aussi considérable que cette ferme - là .
S' il plaît à Dieu que votre entreprise réussisse , vous aurez dans cinq ans d' ici entre cinq à six mille bêtes à cornes ou chevaux sur la plaine qu' on défriche , et il faudra certes une forte tête pour s' y reconnaître .
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Mme Graslin accorda la demande de Farrabesche en rendant justice au bon sens qui la lui dictait .
Depuis l' ouverture des travaux de la plaine , la vie de Mme Graslin prit la régularité d' une vie de campagne . Le matin , elle allait entendre la messe , elle prenait soin de son fils , qu' elle idolâtrait , et venait voir ses travailleurs .
Après son dîner , elle recevait ses amis de Montégnac dans son petit salon , situé au premier étage du pavillon de l' horloge . Elle apprit à Roubaud , à Clousier et au curé le whist , que savait Gérard .
Après la partie , vers neuf heures , chacun rentrait chez soi . Cette vie douce eut pour seuls événements le succès de chaque partie de la grande entreprise . Au mois de juin , le torrent du Gabou étant sec , M .
Gérard s' installa dans la maison du garde . Farrabesche avait déjà fait bâtir sa ferme du Gabou . Cinquante maçons , revenus de Paris , réunirent les deux montagnes par une muraille de vingt pieds d' épaisseur , fondée à douze pieds de profondeur sur un massif en béton .
La muraille , d' environ soixante pieds d' élévation , allait en diminuant , elle n' avait plus que dix pieds à son couronnement .
Gérard y adossa , du côté de la vallée , un talus en béton , de douze pieds à sa base . Du coté des communaux , un talus semblable recouvert de quelques pieds de terre végétale appuya ce formidable ouvrage , que les eaux ne pouvaient renverser .

LE CURE DE VILLAGE (IX, campagn)
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