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" Si Jacques a souffert , madame , dit Catherine , dont les beaux yeux souriaient , j' espère pouvoir lui rendre autant de bonheur qu' il a eu de peine ; car , quoi qu' il ait fait , il n' est pas méchant . " Mme Graslin détourna la tête , elle paraissait brisée par l' aspect de cette famille alors heureuse , et M . Bonnet la quitta pour aller à l' église , où elle se traîna sur le bras de M . Grossetête .
Après le déjeuner , tous allèrent assister à l' ouverture des travaux , que vinrent voir aussi tous les vieux de Montégnac . De la rampe sur laquelle montait l' avenue du château , M . Grossetête et M . Bonnet , entre lesquels était Véronique , purent apercevoir la disposition des quatre premiers chemins que l' on ouvrit , et qui servirent de dépôt aux pierres ramassées .
Cinq terrassiers rejetaient les bonnes terres au bord des champs , en déblayant un espace de dix = huit pieds , la largeur de chaque chemin .
De chaque côté , quatre hommes , occupés à creuser le fossé , en mettaient aussi la bonne terre sur le champ en forme de berge .
Derrière eux , à mesure que cette berge avançait , deux hommes y pratiquaient des trous et y plantaient des arbres . Dans chaque pièce , trente indigents valides , vingt femmes et quarante filles ou enfants , en tout quatre = vingt = dix personnes , ramassaient les pierres que des ouvriers métraient le long des berges afin de constater la quantité produite par chaque groupe .
Ainsi tous les travaux marchaient de front et allaient rapidement , avec des ouvriers choisis et pleins d' ardeur .
Grossetête promit à Mme Graslin de lui envoyer des arbres et d' en demander pour elle à ses amis . Évidemment , les pépinières du château ne suffiraient pas à de si nombreuses plantations .
Vers la fin de la journée , qui devait se terminer par un grand dîner au château , Farrabesche pria Mme Graslin de lui accorder un moment d' audience .
" Madame , lui dit - il en se présentant avec Catherine , vous avez eu la bonté de me promettre la ferme du château . En m' accordant une pareille faveur , votre intention est de me donner une occasion de fortune ; mais Catherine a sur notre avenir des idées que je viens vous soumettre .
Si je fais fortune , il y aura des jaloux , un mot est bientôt dit , je puis avoir des désagréments , je les craindrais , et d' ailleurs Catherine serait toujours inquiète ; enfin le voisinage du monde ne nous convient pas .
LE CURE DE VILLAGE (IX, campagn)
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