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Pleurer , madame , gémir comme la Madeleine dans le désert , n' est que le commencement , agir est la fin . Les monastères pleuraient et agissaient , ils priaient et civilisaient , ils ont été les moyens actifs de notre divine religion . Ils ont bâti , planté , cultivé l' Europe , tout en sauvant le trésor de nos connaissances et celui de la justice humaine , de la politique et des arts .
On reconnaîtra toujours en Europe la place de ces centres radieux . La plupart des villes modernes sont filles d' un monastère .
Si vous croyez que Dieu ait à vous juger , l' Église vous dit par ma voix que tout peut se racheter par les bonnes oeuvres du repentir . Les grandes mains de Dieu pèsent à la fois le mal qui fut fait , et la valeur des bienfaits accomplis .
Soyez à vous seule le monastère , vous pouvez en recommencer ici les miracles . Vos prières doivent être des travaux .
De votre travail doit découler le bonheur de ceux au = dessus desquels vous ont mis votre fortune , votre esprit , tout , jusqu' à cette position naturelle , image de votre situation sociale . "
En disant ces derniers mots , le prêtre et Mme Graslin s' étaient retournés pour revenir sur leurs pas vers les plaines , et le curé put montrer et le village au bas de la colline , et le château dominant le paysage .
Il était alors quatre heures et demie . Un rayon de soleil jaunâtre enveloppait la balustrade , les jardins , illuminait le château , faisait briller le dessin des acrotères en fonte dorée , ii éclairait la longue plaine partagée par la route , triste ruban gris qui n' avait pas ce feston que partout ailleurs les arbres y brodent des deux côtés .
Quand Véronique et M . Bonnet eurent dépassé la masse du château , ils purent voir , par = dessus la cour , les écuries et les communs , la forêt de Montégnac sur laquelle cette lueur glissait comme une caresse .
Quoique ce dernier éclat du soleil couchant n' atteignît que les cimes , il permettait encore de voir parfaitement , depuis la colline où se trouve Montégnac jusqu' au premier pic de la chaîne des monts Corréziens , les caprices de la magnifique tapisserie que fait une forêt en automne .
Les chênes formaient des masses de bronze florentin ; les noyers , les châtaigniers offraient leurs tons de vert = de = gris ; les arbres hâtifs brillaient par leur feuillage d' or , et toutes ces couleurs étaient nuancées par des places grises incultes .
Les troncs des arbres entièrement dépouillés de feuilles montraient leurs colonnades blanchâtres .

LE CURE DE VILLAGE (IX, campagn)
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