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CHAPITRE IV
MME GRASLIN à MONTÉGNAC
En quelques instants , le bourg de Montégnac et sa colline , où les constructions neuves frappaient les regards , apparurent dorées par le soleil couchant et empreints de la poésie due au contraste de cette jolie nature jetée là comme une oasis au désert .
Les yeux de Mme Graslin s' emplirent de larmes , le curé lui montra une large trace blanche qui formait comme une balafre à la montagne .
" Voilà ce que mes paroissiens ont fait pour témoigner leur reconnaissance à leur châtelaine , dit - il en indiquant ce chemin . Nous pourrons monter en voiture au château . Cette rampe s' est achevée sans qu' il vous en coûte un sou , nous la planterons dans deux mois .
Monseigneur peut deviner ce qu' il a fallu de peines , de soins et de dévouement pour opérer un pareil changement .
- Ils ont fait cela ? dit l' évêque .
- Sans vouloir rien accepter , monseigneur . Les plus pauvres y ont mis la main , en sachant qu' il leur venait une mère . "
Au pied de la montagne , les voyageurs aperçurent tous les habitants réunis qui firent partir des boîtes , déchargèrent quelques fusils ; puis les deux plus jolies filles , vêtues de blanc , offrirent à Mme Graslin des bouquets et des fruits .
" Etre reçue ainsi dans ce village ! " s' écria - t - elle en serrant la main de M . Bonnet comme si elle allait tomber dans un précipice .
La foule accompagna la voiture jusqu' à la grille d' honneur . De là Mme Graslin put voir son château dont jusqu' alors elle n' avait aperçu que les masses . à cet aspect , elle fut comme épouvantée de la magnificence de sa demeure .

LE CURE DE VILLAGE (IX, campagn)
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