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CHAPITRE III
LE CURÉ DE MONTÉGNAC
Les prêtres et les dévots ont une tendance à observer , en fait d' intérêt , les rigueurs légales . Est - ce pauvreté ? est - ce un effet de l' égoïsme auquel les condamne leur isolement et qui favorise en eux la pente de l' homme à l' avarice ? est - ce un calcul de la parcimonie commandée par l' exercice de la Charité ? Chaque caractère offre une explication différente .
Cachée souvent sous une bonhomie gracieuse , souvent aussi sans détour , cette difficulté de fouiller à sa poche se trahit surtout en voyage .
Gabriel de Rastignac , le plus joli jeune homme que depuis longtemps les autels eussent vu s' incliner sous leurs tabernacles , ne donnait que trente sous de pourboire aux postillons , il allait donc lentement .
Les postillons mènent fort respectueusement les évêques qui ne font que doubler le salaire accordé par l' ordonnance , mais ils ne causent aucun dommage à la voiture épiscopale de peur d' encourir quelque disgrâce .
L' abbé Gabriel , qui voyageait seul pour la première fois , disait d' une voix douce à chaque relais : " Allez donc plus vite , messieurs les postillons .
- Nous ne jouons du fouet , lui répondit un vieux postillon , que si les voyageurs jouent du pouce ! " Le jeune abbé s' enfonça dans le coin de la voiture sans pouvoir s' expliquer cette réponse .
Pour se distraire , il étudia le pays qu' il traversait , et fit à pied plusieurs des côtes sur lesquelles serpente la route de Bordeaux à Lyon .
à cinq lieues au = delà de Limoges , après les gracieux versants de la Vienne et les jolies prairies en pente du Limousin qui rappellent la Suisse en quelques endroits , et particulièrement à Saint = Léonard , le pays prend un aspect triste et mélancolique .

LE CURE DE VILLAGE (IX, campagn)
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