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La présidente approuva tout , elle sut un gré infini au directeur du théâtre de lui enlever tous ses scrupules par des observations qu' elle trouva pleines de justesse .
" Madame la présidente , dit Gaudissard , en venant , je pensais que ce pauvre diable ne saurait que faire de sa fortune ! C' est une nature d' une simplicité de patriarche ! C' est naïf , c' est allemand , c' est à empailler , à mettre sous verre comme un petit Jésus de cire ! ... C' est - à - dire que , selon moi , il est déjà fort embarrassé de ses deux mille cinq cents francs de rente , et vous le provoquez à la débauche ...
- C' est d' un bien noble coeur , dit la présidente , d' enrichir ce garçon qui regrette notre cousin . Mais moi je déplore la petite bisbille qui nous a brouillés , M . Pons et moi , s' il était revenu , tout lui aurait été pardonné .
Si vous saviez , il manque à mon mari . M . de Marville a été au désespoir de n' avoir pas reçu d' avis de cette mort , car il a la religion des devoirs de famille , il aurait assisté au service au convoi , à l' enterrement , et moi - même je serais allée à la messe ...
- Eh bien ! belle dame , dit Gaudissard , veuillez faire préparer l' acte ; à quatre heures , je vous amènerai l' Allemand ... Recommandez - moi , madame , à la bienveillance de votre charmante fille , la vicomtesse Popinot ; qu' elle dise à mon illustre ami , son bon et excellent père , à ce grand homme d' État , combien je suis dévoué à tous les siens , et qu' il me continue sa précieuse faveur .
J' ai dû la vie à son oncle , le juge , et je lui dois ma fortune ... Je voudrais tenir de vous et de votre fille la haute considération qui s' attache aux gens puissants et bien posés .
Je veux quitter le théâtre , devenir un homme sérieux .
- Vous l' êtes ! ... monsieur , dit la présidente .
- Adorable ! " reprit Gaudissard en baisant la main sèche de Mme de Marville .
à quatre heures , se trouvaient réunis dans le cabinet de M . Berthier , notaire , d' abord Fraisier , rédacteur de la transaction , puis Tabareau , mandataire de Schmucke , et Schmucke lui - même , amené par Gaudissard .
Fraisier avait eu soin de placer en billets de banque les six mille francs demandés , et six cents francs pour le premier terme de la rente viagère , sur le bureau du notaire et sous les yeux de l' Allemand qui , stupéfait de voir tant d' argent , ne prêta pas la moindre attention à l' acte qu' on lui lisait .

LE COUSIN PONS (VII, paris)
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