----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Pons et veiller au ménage de M . Schmucke pendant quelques jours à la place de Mme Cibot ... qui , d' ailleurs , sans cette brouille , aurait toujours eu besoin de se faire remplacer . C' est une honnête femme , dit le docteur à l' abbé Duplanty .
- On ne peut pas mieux choisir , répondit le bon prêtre , car elle a la confiance de la fabrique pour la perception de la location des chaises . "
Quelques moments après , le docteur Poulain suivait au chevet du lit les progrès de l' agonie de Pons , que Schmucke suppliait vainement de se laisser opérer . Le vieux musicien ne répondait aux prières du pauvre Allemand désespéré que par des signes de tête négatifs , entremêlés de mouvements d' impatience .
Enfin , le moribond rassembla ses forces , lança sur Schmucke un regard affreux et lui dit : " Laisse - moi donc mourir tranquillement ! ... "
Schmucke faillit mourir de douleur ; mais il prit la main de Pons , la baisa doucement , et la tint dans ses deux mains , en essayant de lui communiquer encore une fois ainsi sa propre vie . Ce fut alors que le docteur Poulain entendit sonner et alla ouvrir la porte à l' abbé Duplanty .
" Notre pauvre malade , dit Poulain , commence à se débattre sous l' étreinte de la mort . Il aura expiré dans quelques heures ; vous enverrez sans doute un prêtre pour le veiller cette nuit . Mais il est temps de donner Mme Cantinet et une femme de peine à M .
Schmucke , il est incapable de penser à quoi que ce soit , je crains pour sa raison , et il se trouve ici des valeurs qui doivent être gardées par des personnes pleines de probité .
"
L' abbé Duplanty , bon et digne prêtre , sans méfiance ni malice , fut frappé de la vérité des observations du docteur Poulain ; il croyait d' ailleurs aux qualités du médecin du quartier , il fit donc signe à Schmucke de venir lui parler , en se tenant au seuil de la chambre mortuaire .
Schmucke ne put se décider à quitter la main de Pons qui se crispait et s' attachait à la sienne comme s' il tombait dans un précipice et qu' il voulût s' accrocher à quelque chose pour n' y pas rouler .
Mais , comme on sait , les mourants sont en proie à une hallucination qui les pousse à s' emparer de tout , comme des gens empressés d' emporter dans un incendie leurs objets les plus précieux , et Pons lâcha Schmucke pour saisir ses couvertures et les rassembler autour de son corps par un horrible et significatif mouvement d' avarice et de hâte .

LE COUSIN PONS (VII, paris)
Page: 716