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" Si le roi , comme usufruitier du Musée , n' accepte pas ce legs avec cette charge , lesdits tableaux feront alors partie du legs que je fais à mon ami Schmucke de toutes les valeurs que je possède , à la charge de remettre la tête de Singe de Goya à mon cousin le président Camusot , le tableau de fleurs d' Abraham Mignon , composé de tulipes , à M .
Trognon , notaire , que je nomme mon exécuteur testamentaire , et de servir deux cents francs de rente à Mme Cibot , qui fait mon ménage depuis dix ans .
" Enfin , mon ami Schmucke donnera la Descente de Croix , de Rubens , esquisse de son célèbre tableau d' Anvers , à ma paroisse , pour en décorer une chapelle , en remerciement des bontés de M . le vicaire Duplanty , à qui je dois de pouvoir mourir en chrétien et en catholique " , etc .
" C' est la ruine ! se dit Fraisier , la ruine de toutes mes espérances ! Ah ! je commence à croire tout ce que la présidente m' a dit de la malice de ce vieux artiste ! ...
- Eh bien ? vint demander la Cibot .
- Votre monsieur est un monstre , il donne tout au Musée , à l' État . Or , on ne peut plaider contre l' État ! ... Le testament est inattaquable . Nous sommes volés ruinés , dépouillés , assassinés ! ...
- Que m' a - t - il donné ? ...
- Deux cents francs de rente viagère ...
- La belle poussée ! ... Mais c' est un gredin fini ! ...
- Allez voir , dit Fraisier , je vais remettre le testament de votre gredin dans l' enveloppe . "
Dès que Mme Cibot eut le dos tourné , Fraisier substitua vivement une feuille de papier blanc au testament , qu' il mit dans sa poche , puis il recacheta l' enveloppe avec tant de talent qu' il montra le cachet à Mme Cibot quand elle revint , en lui demandant si elle pouvait y apercevoir la moindre trace de l' opération .
La Cibot prit l' enveloppe , la palpa , la sentit pleine , et soupira profondément . Elle avait espéré que Fraisier aurait brûlé lui - même cette fatale pièce .
" Eh bien ! que faire , mon cher monsieur Fraisier ? demanda - t - elle .
LE COUSIN PONS (VII, paris)
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