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Il est plus que probable que je serai chargé des intérêts des héritiers de M . Pons . Dans cette position , je serai bien plus à même de vous servir " .
Ce fut dit si sèchement , que la Cibot trembla . Cet homme d' affaires famélique devait manoeuvrer de son côté , comme elle manoeuvrait du sien , elle résolut donc de hâter la vente des tableaux . La Cibot ne se trompait pas dans ses conjectures .
L' avocat et le médecin avaient fait la dépense d' un habillement tout neuf pour Fraisier , afin qu' il pût se présenter , mis décemment , chez Mme la présidente Camusot de Marville .
Le temps voulu pour la confection des habits était la seule cause du retard apporté à cette entrevue de laquelle dépendait le sort des deux amis . Après sa visite à Mme Cibot , Fraisier se proposait d' aller essayer son habit , son gilet et son pantalon .
Il trouva ses habillements prêts et finis . Il revint chez lui , mit une perruque neuve , et partit en cabriolet de remise sur les dix heures du matin pour la rue de Hanovre , où il espérait pouvoir obtenir une audience de la présidente .
Fraisier , en cravate blanche , en gants jaunes , en perruque neuve parfumé d' eau de Portugal , ressemblait à ces poisons mis dans du cristal et bouchés d' une peau blanche dont l' étiquette , et tout jusqu' au fil , est coquet , mais qui n' en paraissent que plus dangereux .
Son air tranchant , sa figure bourgeonnée , sa maladie cutanée , ses yeux verts , sa saveur de méchanceté , frappaient comme des nuages sur un ciel bleu .
Dans son cabinet , tel qu' il s' était montré aux yeux de la Cibot , c' était le vulgaire couteau avec lequel un assassin a commis un crime ; mais à la porte de la présidente , c' était le poignard élégant qu' une jeune femme met dans son petit - dunkerque .
Un grand changement avait eu lieu rue de Hanovre . Le vicomte et la vicomtesse Popinot , l' ancien ministre et sa femme n' avaient pas voulu que le président et la présidente allassent se mettre à loyer , et quittassent la maison qu' ils donnaient en dot à leur fille .
Le président et sa femme s' installèrent donc au second étage , devenu libre par la retraite de la vieille dame qui voulait aller finir ses jours à la campagne .

LE COUSIN PONS (VII, paris)
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