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- Monsieur , ne mettez pas en doute ma sincérité , reprit vivement Brunner en l' interrompant . Si vous connaissez une pauvre fille dans une famille chargée d' enfants , bien élevée néanmoins , sans fortune , comme il s' en trouve beaucoup en France , et que son caractère m' offre des garanties , je l' épouse . "
Pendant le silence qui suivit cette déclaration , Frédéric Brunner quitta le grand - père de Cécile , revint saluer poliment le président et la présidente , et se retira . Vivant commentaire du salut de son Werther , Cécile se montra pâle comme une moribonde , elle avait tout écouté , cachée dans la garde - robe de sa mère .
" Refusée ! ... dit - elle à l' oreille de sa mère .
- Et pourquoi ? demanda la présidente à son beau - père embarrassé .
- Sous le joli prétexte que les filles uniques sont des enfants gâtés , répondit le vieillard . Et il n' a pas tout à fait tort , ajouta - t - il en saisissant cette occasion de blâmer sa belle - fille , qui l' ennuyait fort depuis vingt ans .
- Ma fille en mourra ! vous l' aurez tuée ! ... " dit la présidente à Pons en retenant sa fille qui trouva joli de justifier ces paroles en se laissant aller dans les bras de sa mère .
Le président et sa femme traînèrent Cécile dans un fauteuil , où elle acheva de s' évanouir . Le grand - père sonna les domestiques .
" J' aperçois la trame ourdie par monsieur " , dit la mère furieuse en désignant le pauvre Pons .
Pons se dressa comme s' il avait entendu retentir à ses oreilles la trompette du jugement dernier .
" Monsieur , reprit la présidente dont les yeux furent comme deux fontaines de bile verte , monsieur a voulu répondre à une innocente plaisanterie par une injure . à qui fera - t - on croire que cet Allemand soit dans son bon sens ? Ou il est complice d' une atroce vengeance , ou il est fou .
J' espère , monsieur Pons , qu' à l' avenir vous nous épargnerez le déplaisir de vous voir dans une maison où vous avez essayé de porter la honte et le déshonneur .
"
Pons , devenu statue , tenait les yeux sur une rosace du tapis et tournait ses pouces .

LE COUSIN PONS (VII, paris)
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