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Voici comment . Schmucke avait , aussi bien que son ami Pons , l' habitude de prendre les portiers ou portières des maisons où il logeait pour faire faire son ménage . Les deux musiciens furent donc du même avis en s' installant rue de Normandie pour s' entendre avec Mme Cibot , qui devint leur femme de ménage , à raison de vingt - cinq francs par mois , douze francs cinquante centimes pour chacun d' eux .
Au bout d' un an , la portière émérite régna chez les deux vieux garçons , comme elle régnait sur la maison de M .
Pillerault , le grand - oncle de Mme la comtesse Popinot ; leurs affaires furent ses affaires , et elle disait : " Mes deux messieurs .
" Enfin , en trouvant les deux casse - noisettes doux comme des moutons , faciles à vivre , point défiants , de vrais enfants , elle se mit , par suite de son coeur de femme du peuple , à les protéger , à les adorer , à les servir avec un dévouement si véritable , qu' elle leur lâchait quelques semonces , et les défendait contre toutes les tromperies qui grossissent à Paris les dépenses de ménage .
Pour vingt - cinq francs par mois , les deux garçons , sans préméditation et sans s' en douter , acquirent une mère .
En s' apercevant de toute la valeur de Mme Cibot , les deux musiciens lui avaient naïvement adressé des éloges , des remerciements , de petites étrennes qui resserrèrent les liens de cette alliance domestique .
Mme Cibot aimait mille fois mieux être appréciée à sa valeur que payée ; sentiment qui , bien connu , bonifie toujours les gages .
Cibot faisait à moitié prix les courses , les raccommodages , tout ce qui pouvait le concerner dans le service des deux messieurs de sa femme .
Enfin , dès la seconde année , il y eut , dans l' étreinte du deuxième étage et de la loge , un nouvel élément de mutuelle amitié . Schmucke conclut avec Mme Cibot un marché qui satisfit à sa paresse et à son désir de vivre sans s' occuper de rien .
Moyennant trente sous par jour ou quarante - cinq francs par mois , Mme Cibot se chargea de donner à déjeuner et à dîner à Schmucke . Pons , trouvant le déjeuner de son ami très satisfaisant , passa de même un marché de dix - huit francs pour son déjeuner .
Ce système de fournitures , qui jeta quatre - vingt - dix francs environ par mois dans les recettes de la loge , fit des deux locataires des êtres inviolables , des anges , des chérubins , des dieux .

LE COUSIN PONS (VII, paris)
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