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La musique des ballets et des pièces féeries exigeait un chef d' orchestre passable et quelque peu compositeur . L' administration à laquelle succédait la compagnie Gaudissard était depuis trop longtemps en faillite pour posséder un copiste .
Pons introduisit donc Schmucke au théâtre en qualité d' entrepreneur des copies , métier obscur qui veut de sérieuses connaissances musicales . Schmucke , par le conseil de Pons , s' entendit avec le chef de ce service à l' Opéra - Comique , et n' en eut point les soins mécaniques .
L' association de Schmucke et de Pons produisit un résultat merveilleux . Schmucke , très fort comme tous les Allemands sur l' harmonie , soigna l' instrumentation dans les partitions dont le chant fut fait par Pons .
Quand les connaisseurs admirèrent quelques fraîches compositions qui servirent d' accompagnement à deux ou trois grandes pièces à succès , ils les expliquèrent par le mot progrès , sans en chercher les auteurs .
Pons et Schmucke s' éclipsèrent dans la gloire , comme certaines personnes se noient dans leur baignoire .
à Paris , surtout depuis 1830 , personne n' arrive sans pousser , quibuscumque viis , et très fort , une masse effrayante de concurrents ; il faut alors beaucoup trop de force dans les reins , et les deux amis avaient cette gravelle au coeur , qui gêne tous les mouvements ambitieux .
Ordinairement Pons se rendait à l' orchestre de son théâtre vers huit heures , heure à laquelle se donnent les pièces en faveur , et dont les ouvertures et les accompagnements exigeaient la tyrannie du bâton .
Cette tolérance existe dans la plupart des petits théâtres ; mais Pons était à cet égard d' autant plus à l' aise , qu' il mettait dans ses rapports avec l' administration un grand désintéressement . Schmucke suppléait d' ailleurs Pons au besoin .
Avec le temps , la position de Schmucke à l' orchestre s' était consolidée . L' illustre Gaudissard avait reconnu , sans en rien dire , et la valeur et l' utilité du collaborateur de Pons .
On avait été obligé d' introduire à l' orchestre un piano comme aux grands théâtres . Le piano , touché gratis par Schmucke , fut établi auprès du pupitre du chef d' orchestre , où se plaçait le surnuméraire volontaire .

LE COUSIN PONS (VII, paris)
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