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- Serait - ce donc possible ? s' écria le Roi qui se dressa de nouveau dans sa chaire .
- Pourquoi non ! dit le Grand Maître des nouveaux Templiers . Tradidit mundum disputationibus ! Dieu nous a livré le monde . Encore une fois , entendez - le : l' homme est le maître ici - bas , et la matière est à lui .
Toutes les forces , tous les moyens sont à sa disposition . Qui nous a créés ? un mouvement . Quelle puissance entretient la vie en nous ? un mouvement . Ce mouvement , pourquoi la science ne le saisirait - elle pas ? Rien ici - bas ne se perd , rien ne s' échappe de notre planète pour aller ailleurs ; autrement , les astres tomberaient les uns sur les autres ; aussi les eaux du déluge s' y trouvent - elles , dans leurs principes , sans qu' il s' en soit égaré une seule goutte .
Autour de nous , au - dessous , au - dessus , se trouvent donc les éléments d' où sont sortis les innombrables millions d' hommes qui ont foulé la terre avant et après le déluge .
De quoi s' agit - il ? de surprendre la force qui désunit ; par contre , nous surprendrons celle qui rassemble .
Nous sommes le produit d' une industrie visible . Quand les eaux ont couvert notre globe , il en est sorti des hommes qui ont trouvé les éléments de leur vie dans l' enveloppe de la terre , dans l' air et dans leur nourriture .
La terre et l' air possèdent donc le principe des transformations humaines , elles se font sous nos yeux , avec ce qui est sous nos yeux ; nous pouvons donc surprendre ce secret , en ne bornant pas les efforts de cette recherche à un homme , mais en lui donnant pour durée l' humanité même .
Nous nous sommes donc pris corps à corps avec la matière à laquelle je crois et que moi , le Grand Maître de l' Ordre , je veux pénétrer .
Christophe Colomb a donné un monde au Roi d' Espagne ; moi , je cherche un peuple éternel pour le Roi de France ! Placé en avant de la frontière la plus reculée qui nous sépare de la connaissance des choses , en patient observateur des atomes , je détruis les formes , je désunis les liens de toute combinaison , j' imite la mort pour pouvoir imiter la vie ! Enfin , je frappe incessamment à la porte de la création , et je frapperai jusqu' à mon dernier jour .
Quand je serai mort , mon marteau passera en d' autres mains également infatigables , de même que des géants inconnus me le transmirent .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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