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" Je pense donc que cette terre appartient à l' homme , qu' il en est le maître , et peut s' en approprier toutes les forces , toutes les substances . L' homme n' est pas une création immédiatement sortie des mains de Dieu , mais une conséquence du principe semé dans l' infini de l' éther où se produisent des milliers de créatures dont aucune ne se ressemble d' astre à astre , parce que les conditions de la vie y sont différentes . Oui , sire , le mouvement subtil que nous nommons la vie prend sa source au - delà des mondes visibles ; les créations se le partagent au gré des milieux dans lesquels elles se trouvent , et les moindres êtres y participent en en prenant tant qu' ils en peuvent prendre , à leurs risques et périls : à eux à se défendre contre la mort .
L' alchimie est là tout entière .
Si l' homme , l' animal le plus parfait de ce globe , portait en lui - même une portion de Dieu , il ne périrait pas , et il périt . Pour sortir de cette difficulté , Socrate et son école ont inventé l' âme .
Moi , le successeur de tant de grands rois inconnus qui ont gouverné cette science , je suis pour les anciennes théories contre les nouvelles ; je suis pour les transformations de la matière que je vois contre l' impossible éternité d' une âme que je ne vois pas .
Je ne reconnais pas le monde de l' âme . Si ce monde existait , les substances dont la magnifique réunion produit votre corps et qui sont si éclatantes dans madame , ne se sublimiseraient pas après votre mort pour retourner séparément chacune en sa case , l' eau à l' eau , le feu au feu , le métal au métal , comme , quand mon charbon est brûlé , ses éléments sont revenus à leurs primitives molécules .
Si vous prétendez que quelque chose nous survit , ce n' est pas nous , car tout ce qui est le moi actuel périt ! Or , c' est le moi actuel que je veux continuer au - delà du terme assigné à sa vie , c' est la transformation présente à laquelle je veux procurer une plus grande durée .
Quoi ! les arbres vivent des siècles , et les hommes ne vivraient que des années , tandis que les uns sont passifs et que les autres sont actifs , quand les uns sont immobiles et sans paroles , et que les autres parlent et marchent ! Nulle création ne doit être ici - bas supérieure à la nôtre , ni en pouvoir ni en durée .
Déjà nous avons étendu nos sens nous voyons dans les astres ! Nous devons pouvoir étendre notre vie ! Avant la puissance , je mets la vie .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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