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Je ne devais pas m' étonner qu' en ce moment ils traitassent d' égal à égal avec un roi qui ne connaissait que Dieu au - dessus de lui , car leur pensée ne relevait aussi que de Dieu . Ils réclamaient donc de moi autant de confiance qu' ils m' en accorderaient . Or , avant de s' engager à me répondre sans arrière - pensée , ils me demandaient de mettre ma main gauche dans la main de la jeune fille qui était là , et la droite dans la main de la vieille .
Ne voulant pas leur donner lieu de penser que je craignais quelque sortilège , je tendis mes mains .
Laurent prit la droite , Cosme prit la gauche , et chacun d' eux me la plaça dans la main de chaque femme , en sorte que je fus comme Jésus - Christ entre ses deux larrons .
Pendant tout le temps que les deux sorcières m' examinèrent les mains , Cosme me présenta un miroir en me priant de m' y regarder , et son frère parlait avec les deux femmes , dans une langue inconnue .
Ni Tavannes ni moi , nous ne pûmes saisir le sens d' aucune phrase . Avant d' amener ces gens ici , nous avons mis les scellés sur toutes les issues de cette officine que Tavannes s' est chargé de garder jusqu' au moment où , par mon exprès commandement , Bernard de Palissy et Chapelain , mon médecin , s' y seront transportés pour faire une exacte perquisition de toutes les drogues qui s' y trouvent et s' y fabriquent .
Afin de leur laisser ignorer les recherches qui se font dans leur cuisine , et de les empêcher de communiquer avec qui que ce soit au - dehors , car ils auraient pu s' entendre avec ma mère , j' ai mis ces deux diables chez toi au secret , entre des Allemands de Solern qui valent les meilleures murailles de geôle .
René lui - même a été gardé à vue dans sa chambre par l' écuyer de Solern , ainsi que les deux sorcières .
Or , mon minon aimé , puisque je tiens les clefs de la Cabale , les rois de Thune , les chefs de la sorcellerie , les princes de la Bohême , les maîtres de l' avenir , les héritiers de tous les fameux pronostiqueurs , je veux lire en toi , connaître ton coeur , enfin nous allons savoir ce qui adviendra de nous !
- Je serai bien heureuse , s' ils peuvent mettre mon coeur à nu , dit Marie sans témoigner aucune appréhension .
- Je sais pourquoi les sorciers ne t' effraient pas : toi aussi , tu jettes des sorts .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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