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- Le sanglier mourant a souvent tué le chasseur , dit Charles de Gondi . Cette conspiration du duc d' Alençon , du Roi de Navarre et du prince de Condé , pour laquelle s' entremettent La Mole et Coconnas , est plus dangereuse qu' utile . D' abord , le Roi de Navarre , que la reine mère espérait prendre en flagrant délit , s' est défié d' elle et ne s' y fourre point .
Il veut profiter de la conspiration sans en courir les chances . Puis voilà qu' aujourd' hui tous ont la pensée de mettre la couronne sur la tête du duc d' Alençon qui se fait calviniste .
- Budelone ! ne vois - tu pas que cette conspiration permet à notre reine de savoir ce que les huguenots peuvent faire avec le duc d' Alençon , et ce que le Roi veut faire avec les huguenots ? car le Roi négocie avec eux ; mais pour faire chevaucher le Roi sur un cheval de bois , Catherine lui déclarera demain cette conspiration qui neutralisera ses projets .
- Ah ! fit Charles de Gondi , à profiter de nos conseils , elle est devenue plus forte que nous . Voilà qui est bien .
- Bien pour le duc d' Anjou , qui aime mieux être Roi de France que Roi de Pologne , et à qui j' irai tout expliquer .
- Tu pars , Albert ?
- Demain . N' avais - je pas la charge d' accompagner le Roi de Pologne ? j' irai le rejoindre à Venise où Leurs Seigneuries se sont chargées de l' amuser .
- Tu es la prudence même .
- Che bestia ! je te jure qu' il n' y a pas le moindre danger pour nous à rester à la cour . S' il y en avait , m' en irais - je ? Je demeurerais auprès de notre bonne maîtresse .
- Bonne ! fit le grand maître , elle est femme à laisser là ses instruments quand elle les trouve lourds ...
- O coglione ! tu veux être un soldat , et tu crains la mort ? Chaque métier a ses devoirs , et nous avons les nôtres envers la fortune . En s' attachant aux rois , source de toute puissance temporelle et qui protègent , élèvent , enrichissent nos maisons , il faut leur vouer l' amour qui enflamme pour le ciel le coeur du martyr ; il faut savoir souffrir pour leur cause ; quand ils nous sacrifient à leur trône , nous pouvons périr , car nous mourons autant pour nous - mêmes que pour eux , nos maisons ne périssent pas .
Ecco .
- Tu as raison , Albert , on t' a donné l' ancien duché de Retz .
CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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