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Quant à la soif de domination qui dévorait Catherine , son envie de conquérir le pouvoir fut - elle si grande , que Catherine s' allia , pour le saisir , avec les Guise , les ennemis du trône ; et , pour garder les rênes de l' État entre ses mains , elle usa de tous les moyens , en sacrifiant ses amis et jusqu' à ses enfants . Cette femme ne pouvait vivre que par les intrigues du gouvernement , comme un joueur ne vit que par les émotions du jeu . Quoique italienne et de la voluptueuse race des Médicis , les calvinistes , qui l' ont tant calomniée , ne lui découvrirent pas un seul amant .
Admiratrice de la maxime : Diviser pour régner , elle venait d' apprendre , depuis douze ans , à opposer constamment une force à une autre .
Aussitôt qu' elle prit en main la bride des affaires , elle fut obligée d' y entretenir la discorde pour neutraliser les forces de deux maisons rivales et sauver la couronne . Ce système nécessaire a justifié la prédiction de Henri II .
Catherine inventa ce jeu de bascule politique imité depuis par tous les princes qui se trouvèrent dans une situation analogue , en opposant tour à tour les calvinistes aux Guise , et les Guise aux calvinistes .
Après avoir opposé ces deux religions l' une à l' autre , au coeur de la nation , Catherine opposa le duc d' Anjou à Charles IX . Après avoir opposé les choses , elle opposa les hommes en conservant les noeuds de tous leurs intérêts entre ses mains .
Mais à ce jeu terrible , qui veut la tête d' un Louis XI ou d' un Louis XVIII , on recueille inévitablement la haine de tous les partis , et l' on se condamne à toujours vaincre , car une seule bataille perdue vous donne tous les intérêts pour ennemis , si toutefois , à force de triompher , vous ne finissez pas par ne plus trouver de joueurs .
La majeure partie du règne de Charles IX fut le triomphe de la politique domestique de cette femme étonnante .
Combien d' adresse Catherine ne dut - elle pas employer pour faire donner le commandement des armées au duc d' Anjou sous un roi jeune , brave , avide de gloire , capable , généreux et en présence du connétable Anne de Montmorency ! Le duc d' Anjou eut , aux yeux des politiques de l' Europe , l' honneur de la Saint - Barthélemy , tandis que Charles IX en eut tout l' odieux .
Après avoir inspiré au Roi une feinte et secrète jalousie contre son frère , elle se servit de cette passion pour user dans les intrigues d' une rivalité fraternelle les grandes qualités de Charles IX .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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