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Beaucoup d' autres circonstances corroborèrent la foi de Catherine dans les Sciences occultes . La veille du tournoi où Henri II fut blessé à mort , Catherine vit le coup fatal en songe . Son conseil d' astrologie judiciaire , composé de Nostradamus et des deux Ruggieri , lui avait prédit la mort du Roi . L' histoire a enregistré les instances que fit Catherine pour engager Henri II à ne pas descendre en lice .
Le pronostic et le songe engendré par le pronostic se réalisèrent . Les mémoires du temps rapportent un autre fait non moins étrange . Le courrier qui annonçait la victoire de Moncontour arriva la nuit , après être venu si rapidement qu' il avait crevé trois chevaux .
On éveilla la reine mère , qui dit : Je le savais . En effet , la veille , dit Brantôme , elle avait raconté le triomphe de son fils et quelques circonstances de la bataille .
L' astrologue de la maison de Bourbon déclara que le cadet de tant de princes issus de saint Louis , que le fils d' Antoine de Bourbon serait Roi de France .
Cette prédiction rapportée par Sully fut accomplie dans les termes mêmes de l' horoscope , ce qui fit dire à Henri IV qu' à force de mensonges , ces gens rencontraient le vrai . Quoi qu' il en soit , si la plupart des têtes fortes de ce temps croyaient à la vaste science appelée le Magisme par les maîtres de l' astrologie judiciaire , et Sorcellerie par le public , ils y étaient autorisés par le succès des horoscopes .
Ce fut pour Cosme Ruggieri , son mathématicien , son astronome , son astrologue , son sorcier si l' on veut , que Catherine fit élever la colonne adossée à la Halle - au - Blé , seul débris qui reste de l' hôtel de Soissons .
Cosme Ruggieri possédait , comme les confesseurs , une mystérieuse influence , de laquelle il se contentait comme eux . Il nourrissait d' ailleurs une ambitieuse pensée supérieure à l' ambition vulgaire .
Cet homme , que les romanciers ou les dramaturges dépeignent comme un bateleur , possédait la riche abbaye de Saint - Mahé , en Basse - Bretagne , et avait refusé de hautes dignités ecclésiastiques ; l' or que les passions superstitieuses de cette époque lui apportaient abondamment suffisait à sa secrète entreprise , et la main de la reine , étendue sur sa tête , en préservait le moindre cheveu de tout mal .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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