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Quelques jours après la réception des ambassadeurs secrets de Calvin par Catherine , vers la fin de la même année , car alors l' année commençait à Pâques , et le calendrier actuel ne fut adopté que sous ce nouveau règne , Christophe gisait encore sur un fauteuil , au coin du feu , du côté qui lui permettait de voir la rivière , dans cette grande salle brune destinée à la vie de famille et où ce drame avait commencé . Il avait les pieds appuyés sur un tabouret . Mlle Lecamus et Babette Lallier venaient de renouveler les compresses imbibées d' une préparation apportée par Ambroise , à qui Catherine avait recommandé de soigner Christophe .
Une fois reconquis par sa famille , cet enfant y fut l' objet des soins les plus dévoués . Babette , autorisée par son père , vint tous les matins et ne quittait la maison Lecamus que le soir .
Christophe , objet de l' admiration des apprentis , donnait lieu dans tout le quartier à des contes qui l' entouraient d' une poésie mystérieuse . Il avait subi la torture , et le célèbre Ambroise Paré mettait tout son art à le sauver .
Qu' avait - il fait pour être ainsi traité ? Ni Christophe ni son père ne disaient un mot à ce sujet . Catherine , alors toute - puissante , était intéressée à se taire ainsi que le prince de Condé .
Les visites d' Ambroise , chirurgien du Roi et de la maison de Guise , à qui la reine mère et les Lorrains permettaient de soigner un garçon taxé d' hérésie , embrouillaient singulièrement cette aventure où personne ne voyait clair .
Enfin , le curé de Saint - Pierre - aux - Boeufs vint à plusieurs reprises voir le fils de son marguillier , et de telles visites rendirent encore plus inexplicables les causes de l' état où se trouvait Christophe .
Le vieux syndic , qui avait son plan , répondait évasivement à ses confrères , aux marchands , aux amis qui lui parlaient de son fils : " Je suis bien heureux , mon compère , de l' avoir sauvé ! - Que voulez - vous ? entre l' arbre et l' écorce , il ne faut jamais mettre le doigt .
- Mon fils a mis la main au bûcher , il y a pris de quoi brûler ma maison ! - On a abusé de sa jeunesse , et nous autres bourgeois nous ne retirons que honte et mal à hanter les grands .
- Ceci me décide à faire de mon gars un homme de justice , le Palais lui apprendra à peser ses actions et ses paroles . - La jeune reine , qui maintenant est en Écosse , y a été pour beaucoup ; mais peut - être aussi mon fils a - t - il été bien imprudent ! - J' ai eu de cruels chagrins .
- Ceci me décidera peut - être à quitter les affaires , je ne veux plus jamais aller à la cour .
- Mon fils en a maintenant assez de la Réformation , elle lui a cassé bras et jambes . Sans Ambroise , où en serais - je ? "

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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