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" On te disait en disgrâce , lui dit le prince .
- Vous ne sauriez croire combien , depuis la mort du Roi Henri II , la cour est devenue sage .
- Le Roi , cependant , doit aimer à rire .
- Lequel ? François II ou François de Lorraine ?
- Tu ne crains donc pas le duc , pour parler ainsi ?
- Il ne me châtiera point pour cela , Monseigneur , répondit Chicot en souriant .
- Et à quoi dois - je l' honneur de ta visite ?
- Eh ! ne vous revenait - elle pas de droit après votre arrivée ? Je vous apporte ma marotte et mon bonnet .
- Je ne puis donc pas sortir ?
- Essayez ?
- Et si je sors ?
- Je dirai que vous avez gagné au jeu en jouant contre les règles .
- Chicot , tu me fais peur ... Es - tu donc envoyé par quelqu' un qui s' intéresse à moi ?
- Oui ! " dit Chicot par un signe de tête . Il s' approcha du prince et lui fit comprendre qu' ils étaient observés et écoutés .
" Qu' as - tu donc à me dire ? demanda le prince de Condé .
- Que l' audace seule peut vous tirer d' affaire , et ceci vient de la reine mère , fit le fou , qui glissa ses paroles dans l' oreille du prince .
- Dis à ceux qui t' envoient , répondit le prince , que je ne serais pas venu dans ce château , si j' avais quelque chose à me reprocher ou à craindre .
- Je cours répéter cette brave réponse ! " s' écria le fou .
Deux heures après , à une heure après - midi , avant le dîner du Roi , le chancelier et le cardinal de Tournon vinrent chercher le prince pour le présenter à François II , dans la grande galerie où l' on avait tenu conseil .
Là , devant toute la cour , le prince de Condé fit le surpris de la froideur que lui marqua le petit Roi dans son accueil , et il en demanda la cause .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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