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Après celle de l' arrestation du vidame de Chartres , cette journée était la seconde de ces terribles journées qui se trouvèrent en si grand nombre dans le reste de sa vie royale ; mais ce fut aussi sa dernière faute à l' école du pouvoir . Quoique le sceptre parût fuir ses mains , elle voulait le saisir et le saisit par un effet de cette puissance de volonté qui ne s' était lassée ni des dédains de son beau - père François 1er et de sa cour , où elle avait été peu de chose , quoique dauphine , ni des constants refus de Henri II , ni de la terrible opposition de Diane de Poitiers , sa rivale .
Un homme n' eût rien compris à cette reine en échec ; mais la blonde Marie , si fine , si spirituelle , si jeune fille et déjà si instruite , l' examinait du coin de l' oeil en affectant de fredonner un air italien et prenant une contenance insouciante .
Sans deviner les orages d' ambition contenue qui causaient une légère sueur froide à la Florentine , la jolie Écossaise au visage mutin savait que l' élévation de son oncle le duc de Guise causait une rage intérieure à Catherine .
Or , rien ne l' amusait tant que d' espionner sa belle - mère , en qui elle voyait une intrigante , une parvenue abaissée toujours prête à se venger .
Le visage de l' une était grave et sombre , un peu terrible , à cause de cette lividité des Italiennes qui , durant le jour , fait ressembler leur teint à de l' ivoire jaune , quoiqu' il redevienne éclatant aux bougies , tandis que le visage de l' autre était frais et gai .
à seize ans , la tête de Marie Stuart avait cette blancheur de blonde qui la rendit si célèbre .
Son frais , son piquant visage si purement coupé , brillait de cette malice d' enfant exprimée franchement par la régularité de ses sourcils , par la vivacité de ses yeux , par la mutinerie de sa jolie bouche .
Elle déployait alors ces grâces de jeune chatte que rien , ni la captivité , ni la vue de son effroyable échafaud , ne purent altérer .
Ces deux reines , l' une à l' aurore , l' autre à l' été de sa vie , formaient donc alors le contraste le plus complet .
Catherine était une reine imposante , une veuve impénétrable , sans autre passion que celle du pouvoir .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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