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Ce corps de logis , où tenaient la cour fastueuse de Catherine et celle de Marie Stuart , est partagé par une tour hexagone où tourne dans sa cage évidée un escalier en pierre , caprice moresque exécuté par des géants , travaillé par des nains , et qui donne à cette façade l' air d' un rêve . Les tribunes de l' escalier forment une spirale à compartiments carrés qui s' attache aux cinq pans de cette tour , et dessine , de distance en distance , des encorbellements transversaux brodés de sculptures arabesques au dehors et au dedans .
On ne peut comparer cette création étourdissante de détails ingénieux et fins , pleine de merveilles qui donnent la parole à ces pierres , qu' aux sculptures abondantes et profondément fouillées des ivoires de Chine ou de Dieppe .
Enfin la pierre y ressemble à une guipure .
Les fleurs , les figures d' hommes ou d' animaux descendent le long des nervures , se multiplient de marche en marche et couronnent cette tour par une clef de voûte où les ciseaux de l' art du seizième siècle ont lutté avec les naïfs tailleurs d' images qui , cinquante ans auparavant , avaient sculpté les clefs de voûte des deux escaliers du château de Louis XII .
Quelque ébloui que l' on soit en voyant ces formes renaissant avec une infatigable prolixité , l' on s' aperçoit que l' argent a manqué tout aussi bien à François 1er pour Blois , qu' à Louis XIV pour Versailles .
Plus d' une figurine montre sa jolie tête fine qui sort d' un bloc à peine dégrossi .
Plus d' une rosace fantasque est seulement indiquée par quelques coups de ciseau dans la pierre abandonnée et où l' humidité fait fleurir ses moisissures verdâtres .
Sur la façade , à côté des dentelles d' une fenêtre , la fenêtre voisine offre ses masses de pierre déchiquetées par le Temps qui l' a sculptée à sa manière .
Il existe là pour les yeux les moins artistes et les moins exercés un ravissant contraste entre cette façade où les merveilles ruissellent et la façade intérieure du château de Louis XII , composée au rez - de - chaussée de quelques arcades d' une légèreté vaporeuse soutenues par des colonnettes qui reposent en bas sur des tribunes élégantes , et de deux étages où les croisées sont sculptées avec une charmante sobriété .
Sous les arcades s' étend une galerie dont les murailles offraient des peintures à fresque , et dont le plafond était également peint , car on retrouve encore aujourd' hui quelques traces de cette magnificence imitée de l' Italie et qui annonce les expéditions de nos rois , à qui le Milanais appartenait .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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