----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

" Mais tu souperas au moins avec nous , dit le bonhomme . Dans ces extrémités , il faut échanger vos anneaux , la fille à Lallier et toi .
- Eh bien , je vais l' aller quérir " , s' écria Christophe .
Le jeune homme se défia des incertitudes de son père , dont le caractère ne lui était pas encore assez connu ; il monta dans sa chambre , s' habilla , prit une valise , descendit à pas de loup , la posa sur un comptoir de la boutique , ainsi que sa rapière et son manteau .
" Que diable fais - tu ? " lui dit son père en l' entendant .
Christophe vint baiser le vieillard sur les deux joues .
" Je ne veux pas qu' on voie mes apprêts de départ , j' ai tout mis sous un comptoir , lui répondit - il à l' oreille .
- Voici la lettre " , dit le père .
Christophe prit le papier et sortit comme pour aller chercher la jeune voisine .
Quelques instants après le départ de Christophe , le compère Lallier et sa fille arrivèrent , précédés d' une servante qui apportait trois bouteilles de vin vieux .
" Hé bien , où est Christophe ? dirent les deux vieilles gens .
- Christophe ? s' écria Babette , nous ne l' avons pas vu .
- Mon fils est un fier drôle ! il me trompe comme si je n' avais pas de barbe . Mon compère , que va - t - il arriver ? Nous vivons dans un temps où les enfants ont plus d' esprit que les pères .
- Mais il y a longtemps que tout le quartier en fait un mangeur de vache à Colas , dit Lallier .
- Défendez - le sur ce point , compère , dit le pelletier à l' orfèvre , la jeunesse est folle , elle court après les choses neuves ; mais Babette le fera tenir tranquille , elle est encore plus neuve que Calvin . "

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
Page: 230