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Quoi qu' il en soit , humiliée et désespérée de voir passer entre les mains des Guise la puissance qu' elle espérait exercer après la mort du Roi , effrayée de l' empire que prend la jeune reine Marie , nièce des Lorrains et leur auxiliaire , la reine Catherine doit être disposée à prêter son appui aux princes et aux seigneurs qui vont tenter un coup de main pour la délivrer .
En ce moment , quoique dévouée aux Guise en apparence , elle les hait , elle souhaite leur perte et se servira de nous contre eux ; mais Monseigneur se servira d' elle contre tous .
La reine mère donnera son consentement à nos plans . Nous aurons pour nous le connétable , que Monseigneur vient d' aller voir à Chantilly , mais qui ne veut bouger que sur un ordre de ses maîtres .
Oncle de Monseigneur , il ne le laissera jamais dans l' embarras , et ce généreux prince n' hésite pas à se jeter dans le danger pour décider Anne de Montmorency .
Tout est prêt , et nous avons jeté les yeux sur vous pour communiquer à la reine Catherine notre traité d' alliance , les projets d' édits et les bases du nouveau gouvernement .
La cour est à Blois . Beaucoup des nôtres y sont ; mais ceux - là sont nos futurs chefs ... Et , comme Monseigneur , dit - il en montrant le prince , ils ne doivent jamais être soupçonnés : nous devons nous sacrifier tous pour eux .
La reine mère et nos amis sont l' objet d' une surveillance si minutieuse , qu' il est impossible d' employer pour intermédiaire une personne connue ou de quelque importance , elle serait incontinent soupçonnée et ne pourrait communiquer avec madame Catherine .
Dieu nous doit en ce moment le berger David et sa fronde pour attaquer Goliath de Guise .
Votre père , malheureusement pour lui bon catholique , est le pelletier des deux reines , il a toujours à leur fournir quelque ajustement , obtenez qu' il vous envoie à la cour . Vous n' éveillerez point les soupçons et ne compromettrez en rien la reine Catherine .
Tous nos chefs peuvent payer de leur tête une imprudence qui laisserait croire à la connivence de la reine mère avec eux . Là où les grands , une fois pris , donnent l' éveil , un petit comme vous est sans conséquence .
Voyez ! les Guise ont tant d' espions que nous n' avons eu que la rivière pour pouvoir causer sans crainte . Vous voilà , mon fils , comme la sentinelle obligée de mourir à son poste .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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