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Malgré son brillant avenir , la situation de Catherine à la cour ne changea point à la mort du dauphin ; sa stérilité faisait prévoir un divorce , au cas où son mari monterait sur le trône . Le dauphin était sous le charme de Diane de Poitiers . Diane osait rivaliser Mme d' Étampes . Aussi Catherine redoubla - t - elle de soins et de cajoleries envers son beau - père , en comprenant que son appui n' était que là .
Les dix premières années de Catherine furent alors prises par les renaissants chagrins que lui donnaient ses espérances de grossesse incessamment détruites , et les ennuis de sa rivalité avec Diane .
Jugez de ce que devait être la vie d' une princesse surveillée par une maîtresse jalouse , appuyée par un énorme parti , le parti catholique , et par les deux alliances énormes que la sénéchale fit en mariant ses deux filles , l' une à Robert de La Mark , duc de Bouillon , prince de Sedan , l' autre à Claude de Lorraine , duc d' Aumale .
Catherine , perdue au milieu du parti de Mme d' Étampes et du parti de la sénéchale ( tel fut pendant le règne de François 1er le titre de Diane ) qui divisaient la cour et la politique entre ces deux ennemies mortelles , essaya d' être à la fois l' amie de la duchesse d' Étampes et l' amie de Diane de Poitiers .
Celle qui devait être une si grande reine joua le rôle de servante . Elle fit ainsi l' apprentissage de cette politique à deux visages qui fut le secret de sa vie .
La reine se trouva plus tard entre les catholiques et les calvinistes , comme la femme avait été pendant dix ans entre Mme d' Étampes et Mme de Poitiers .
Elle étudia les contradictions de la politique française : François 1er soutenait Calvin et les luthériens pour embarrasser Charles Quint . Puis , après avoir sourdement et patiemment protégé la Réformation en Allemagne , après avoir toléré le séjour de Calvin à la cour de Navarre , il sévit contre elle avec une rigueur démesurée .
Catherine vit donc cette cour et les femmes de cette cour jouant avec le feu de l' hérésie , Diane à la tête du parti catholique avec les Guise , uniquement parce que la duchesse d' Étampes soutenait Calvin et les protestant .
Telle fut l' éducation politique de cette reine qui remarqua dans le cabinet du Roi de France les errements de la maison de Médicis .
Le dauphin contrecarrait son père en toutes choses , il fut mauvais fils . Il oublia la plus cruelle , mais la plus vraie maxime de la Royauté , à savoir que les trônes sont solidaires , et que le fils , qui peut faire de l' opposition pendant la vie de son père , doit en suivre la politique en montant sur le trône .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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