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Au moment de triompher , les Médicis avaient tant besoin d' un homme tel que Strozzi , ne fût - ce que pour ménager l' avènement d' Alexandre , que Clément sut le décider à siéger dans les conseils du bâtard qui allait commencer l' oppression de la ville , et Philippe avait accepté le diplôme de sénateur . Mais depuis deux ans et demi , de même que Sénèque et Burrhus auprès de Néron , il avait observé les commencements de la tyrannie .
Il se voyait en ce moment en butte à tant de méfiance de la part du peuple , et si suspect aux Médicis auxquels il résistait , qu' il prévoyait en ce moment une catastrophe .
Aussi , dès qu' il apprit du duc Alexandre la négociation du mariage de Catherine avec un fils de France , dont la conclusion allait peut - être avoir lieu à Livourne , où les négociateurs s' étaient donné rendez - vous , forma - t - il le projet de passer en France et de s' attacher à la fortune de sa nièce , à laquelle il fallait un tuteur .
Alexandre , enchanté de se débarrasser d' un homme si peu conciliant dans les affaires de Florence , appuya cette résolution qui lui épargnait un meurtre , et donna le conseil à Strozzi de se mettre à la tête de la maison de Catherine .
En effet , pour éblouir la cour de France , les Médicis avaient composé brillamment la suite de celle qu' ils nommaient fort indûment la princesse de Florence , et qui s' appelait aussi la petite duchesse d' Urbin .
Le cortège , à la tête duquel marchaient le duc Alexandre , Catherine et Strozzi , se composait de plus de mille personnes , sans compter l' escorte et les serviteurs ; et quand la queue était à la porte de Florence , la tête dépassait déjà le premier village , hors la ville , où se tresse aujourd' hui la paille des chapeaux .
On commençait à savoir dans le peuple que Catherine allait épouser un fils de François 1er ; mais ce n' était encore qu' une rumeur qui prit de la consistance aux yeux de la Toscane par cette marche triomphale de Florence à Livourne .
D' après les préparatifs qu' elle nécessitait , Catherine se doutait qu' il était question de son mariage , et son oncle lui révéla les projets avortés de son ambitieuse maison , qui avait voulu pour elle la main du dauphin .
Le duc Alexandre espérait encore que le duc d' Albany réussirait à faire changer la résolution du Roi de France , qui , tout en voulant acheter l' appui des Médicis en Italie , ne voulait leur abandonner que le duc d' Orléans .
Cette petitesse fit perdre l' Italie à la France et n' empêcha point que Catherine fût reine .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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