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Quand on étudie la marche des affaires et celle des hommes dans ce curieux seizième siècle , on ne doit jamais oublier que la politique eut alors pour élément une perpétuelle finesse qui détruisait , chez tous les caractères , cette allure droite , cette carrure que l' imagination exige des personnages éminents . Là , surtout , est l' absolution de Catherine . Cette observation fait justice de toutes les accusations banales et folles des écrivains de la Réformation .
Ce fut le plus bel âge de cette politique dont le code a été écrit par Machiavel comme par Spinoza , par Hobbes comme par Montesquieu , car le Dialogue de Sylla et d' Eucrate contient la vraie pensée de Montesquieu , que ses liaisons avec le parti encyclopédique ne lui permettaient pas de développer autrement .
Ces principes sont aujourd' hui la morale secrète de tous les cabinets où se trament les plans de quelque vaste domination .
En France , nous avons blâmé Napoléon quand il faisait usage de ce génie italien qu' il avait in cute , et dont les combinaisons n' ont pas toujours réussi ; mais Charles Quint , Catherine , Philippe II , Jules II , ne se seraient pas conduits autrement que lui dans l' affaire d' Espagne .
Dans le temps où naquit Catherine , l' histoire , si elle était rapportée au point de vue de la probité , paraîtrait un roman impossible .
Charles Quint , obligé de soutenir le catholicisme en présence des attaques de Luther , qui menaçait le Trône en menaçant la Tiare , laisse faire le siège de Rome et tient le pape Clément VII en prison .
Ce même Clément VII , qui n' a pas d' ennemi plus cruel que Charles Quint , lui fait la cour pour pouvoir placer Alexandre de Médicis à Florence , et Charles Quint donne sa fille à ce bâtard .
Aussitôt établi , Alexandre , de concert avec Clément , essaye de nuire à Charles Quint , en s' alliant à François 1er , au moyen de Catherine de Médicis , et tous deux lui promettent de l' aider à reconquérir l' Italie .
Lorenzino de Médicis se fait le compagnon de débauche et le complaisant du duc Alexandre , pour pouvoir le tuer .
Philippe Strozzi , l' une des plus grandes âmes de ce temps , eut ce meurtre dans une telle estime , qu' il jura que chacun de ses fils épouserait une des filles du meurtrier , et chaque fils accomplit religieusement la promesse du père , quand chacun d' eux , protégé par Catherine , pouvait faire de brillantes alliances , car l' un fut l' émule de Doria , l' autre maréchal de France .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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