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Aussi , pour qui creuse l' histoire du seizième siècle en France , la figure de Catherine de Médicis apparaît - elle comme celle d' un grand Roi . Les calomnies une fois dissipées par les faits péniblement retrouvés à travers les contradictions des pamphlets et les fausses anecdotes , tout s' explique à la gloire de cette femme extraordinaire , qui n' eut aucune des faiblesses de son sexe , qui vécut chaste au milieu des amours de la cour la plus galante de l' Europe , et qui sut , malgré sa pénurie d' argent , bâtir d' admirables monuments , comme pour réparer les pertes que causaient les démolitions des calvinistes qui firent à l' art autant de blessures qu' au corps politique .
Serrée entre des princes qui se disaient les héritiers de Charlemagne et une factieuse branche cadette qui voulait enterrer la trahison du connétable de Bourbon sous le trône , Catherine , obligée de combattre une hérésie prête à dévorer la monarchie , sans amis , apercevant la trahison dans les chefs du parti catholique , et la république dans le parti calviniste , a employé l' arme la plus dangereuse , mais la plus certaine de la politique , l' adresse ! Elle résolut de jouer successivement le parti qui voulait la ruine de la maison de Valois , les Bourbons qui voulaient la couronne , et les réformés , les radicaux de ce temps - là qui rêvaient une république impossible , comme ceux de ce temps - ci qui cependant n' ont rien à réformer .
Aussi tant qu' elle a vécu , les Valois ont - ils gardé le trône .
Il comprenait bien la valeur de cette femme , le grand de Thou , quand , en apprenant sa mort , il s' écria : " Ce n' est pas une femme , c' est la royauté qui vient de mourir .
" Catherine avait en effet au plus haut degré le sentiment de la royauté ; aussi la défendit - elle avec un courage et une persistance admirables .
Les reproches que les écrivains calvinistes lui ont faits sont évidemment sa gloire , elle ne les a encourus qu' à cause de ses triomphes .
Pouvait - on triompher autrement que par la ruse ? Toute la question est là .

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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