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SUR CATHERINE DE MÉDICIS
à MONSIEUR LE MARQUIS DE PASTORET ,
Membre de l' Académie des Beaux - Arts .
Quand on songe au nombre étonnant de volumes publiés pour rechercher le point des Alpes par lequel Annibal opéra son passage , sans qu' on puisse aujourd' hui savoir si ce fut , selon Whitaker et Rivaz , par Lyon , Genève , le Saint - Bernard et le val d' Aoste ; ou , selon Letronne , Folard , Saint - Simon et Fortia d' Urban , par l' Isère , Grenoble , Saint - Bonnet , le Mont - Genèvre , Fenestrelle et le pas de Suze ; ou , selon Larauza , par le Mont - Cenis et Suze ; ou , selon Strabon , Polybe et de Luc , par le Rhône , Vienne , Yenne et le Mont - du - Chat ; ou , selon l' opinion de quelques gens d' esprit , par Gênes , la Bocchetta et la Scrivia , opinion que je partage , et que Napoléon avait adoptée , sans compter le vinaigre avec lequel les roches alpestres ont été accommodées par quelques savants ; doit - on s' étonner , monsieur le marquis , de voir l' histoire moderne si négligée , que les points les plus importants en soient obscurs et que les calomnies les plus odieuses pèsent encore sur des noms qui devraient être révérés ? Remarquons , en passant , que le passage d' Annibal est devenu presque problématique à force d' éclaircissements .
Ainsi le père Ménestrier croit que le Scoras désigné par Polybe est la Saône ; Letronne , Larauza et Schweighauser y voient l' Isère ; Cochard , un savant lyonnais , y voit la Drôme , pour quiconque a des yeux , il se trouve entre Scoras et Scrivia de grandes ressemblances géographiques et linguistiques , sans compter la presque certitude du mouillage de la flotte carthaginoise à la Spezzia ou dans la rade de Gênes .
Je concevrais ces patientes recherches , si la bataille de Cannes était mise en doute ; mais puisque ses résultats sont connus , à quoi bon noircir tant de papier par tant de suppositions qui sont en quelque sorte les arabesques de l' hypothèse , tandis que l' histoire la plus importante au temps actuel , celle de la Réformation , est pleine d' obscurités si fortes qu' on ignore le nom de l' homme* qui faisait naviguer un

CATHERINE MEDICIS (XI, philo)
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