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à son retour , Gudin trouva la petite troupe de Hulot augmentée de quelques soldats pris aux différents postes de la ville . Le commandant dit au jeune Fougerais de choisir une douzaine de ses compatriotes les mieux dressés au difficile métier de Contre - Chouan , et lui ordonna de se diriger par la porte Saint - Léonard , afin de longer le revers des montagnes de Saint - Sulpice qui regardait la grande vallée du Couesnon , et sur lequel était située la cabane de Galope - chopine ; puis il se mit lui - même à la tête du reste de la troupe , et sortit par la porte Saint - Sulpice pour aborder les montagnes à leur sommet , où , suivant ses calculs , il devait rencontrer les gens de Beau - pied qu' il se proposait d' employer à renforcer un cordon de sentinelles chargées de garder les rochers , depuis le faubourg Saint - Sulpice jusqu' au Nid - aux - crocs .
Corentin , certain d' avoir remis la destinée du chef des Chouans entre les mains de ses plus implacables ennemis , se rendit promptement sur la Promenade pour mieux saisir l' ensemble des dispositions militaires de Hulot .
Il ne tarda pas à voir la petite escouade de Gudin débouchant par la vallée du Nançon et suivant les rochers du côté de la grande vallée du Couesnon , tandis que Hulot , débusquant le long du château de Fougères , gravissait le sentier périlleux qui conduisait sur le sommet des montagnes de Saint - Sulpice .
Ainsi , les deux troupes se déployaient sur deux lignes parallèles .
Tous les arbres et les buissons , décorés par le givre de riches arabesques , jetaient sur la campagne un reflet blanchâtre qui permettait de bien voir , comme des lignes grises , ces deux petits corps d' armée en mouvement .
Arrivé sur le plateau des rochers , Hulot détacha de sa troupe tous les soldats qui étaient en uniforme , et Corentin les vit établissant , par les ordres de l' habile commandant , une ligne de sentinelles ambulantes séparées chacune par un espace convenable , dont la première devait correspondre avec Gudin et la dernière avec Hulot , de manière qu' aucun buisson ne devait échapper aux baïonnettes de ces trois lignes mouvantes qui allaient traquer le Gars à travers les montagnes et les champs .
" Il est rusé , ce vieux loup de guérite , s' écria Corentin en perdant de vue les dernières pointes de fusil qui brillèrent dans les ajoncs , le Gars est cuit . Si Marie avait livré ce damné marquis , nous eussions , elle et moi , été unis par le plus fort des liens , une infamie ... Mais elle sera bien à moi ! ... "
LES CHOUANS (VIII, milit)
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