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- Eh bien , dit - il en se souvenant d' une des plus folles actions du dernier duc de Lorraine , laissez - moi vous parler seulement pendant le temps que je pourrai garder dans la main ce charbon . "
Il se baissa vers le foyer , saisit un bout de tison et le serra violemment . Mlle de Verneuil rougit , dégagea vivement son bras de celui du comte et regarda le marquis avec étonnement . Le comte s' éloigna doucement et laissa les deux amants seuls .
Une si folle action avait ébranlé le coeur de Marie , car , en amour , il n' y a rien de plus persuasif qu' une courageuse bêtise .
" Vous me prouvez là , dit - elle en essayant de lui faire jeter le charbon , que vous me livreriez au plus cruel de tous les supplices . Vous êtes extrême en tout . Sur la foi d' un sot et les calomnies d' une femme , vous avez soupçonné celle qui venait de vous sauver la vie d' être capable de vous vendre .
- Oui , dit - il en souriant , j' ai été cruel envers vous ; mais oubliez - le toujours , je ne l' oublierai jamais . Écoutez - moi . J' ai été indignement trompé , mais tant de circonstances dans cette fatale journée se sont trouvées contre vous .
- Et ces circonstances suffisaient pour éteindre votre amour ? "
Il hésitait à répondre , elle fit un geste de dédain , et se leva .
" Oh ! Marie , maintenant je ne veux plus croire que vous ...
- Mais jetez donc ce feu ! Vous êtes fou . Ouvrez votre main , je le veux . "
Il se plut à opposer une molle résistance aux doux efforts de sa maîtresse , pour prolonger le plaisir aigu qu' il éprouvait à être fortement pressé par ses doigts mignons et caressants ; mais elle réussit enfin à ouvrir cette main qu' elle aurait voulu pouvoir baiser .
Le sang avait éteint le charbon .
" Eh bien , à quoi cela vous a - t - il servi ? ... " dit - elle .
LES CHOUANS (VIII, milit)
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