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Toutes les issues de cette montagne étant occupées par les deux partis , elle eut peur de se trouver au milieu d' eux , elle quitta le gros arbre derrière lequel elle s' était tenue , et se mit à fuir en pensant à mettre à profit les recommandations du vieil avare .
Après avoir couru pendant longtemps sur le versant des montagnes de Saint - Sulpice qui regarde la grande vallée du Couesnon , elle aperçut de loin une étable et jugea qu' elle dépendait de la maison de Galope - chopine , qui devait avoir laissé sa femme toute seule pendant le combat .
Encouragée par ces suppositions , Mlle de Verneuil espéra être bien reçue dans cette habitation , et pouvoir y passer quelques heures , jusqu' à ce qu' il lui fut possible de retourner sans danger à Fougères .
Selon toute apparence , Hulot allait triompher . Les Chouans fuyaient si rapidement qu' elle entendit des coups de feu tout autour d' elle , et la peur d' être atteinte par quelques balles lui fit promptement gagner la chaumière dont la cheminée lui servait de jalon .
Le sentier qu' elle avait suivi aboutissait à une espèce de hangar dont le toit , couvert en genêt , était soutenu par quatre gros arbres encore garnis de leurs écorces .
Un mur en torchis formait le fond de ce hangar , sous lequel se trouvaient un pressoir à cidre , une aire à battre le sarrasin , et quelques instruments aratoires .
Elle s' arrêta contre l' un de ces poteaux sans se décider à franchir le marais fangeux qui servait de cour à cette maison que , de loin , en véritable Parisienne , elle avait prise pour une étable .
Cette cabane , garantie des vents du nord par une éminence qui s' élevait au - dessus du toit et à laquelle elle s' appuyait , ne manquait pas de poésie , car des pousses d' ormes , des bruyères et les fleurs du rocher la couronnaient de leurs guirlandes .
Un escalier champêtre pratiqué entre le hangar et la maison permettait aux habitants d' aller respirer un air pur sur le haut de cette roche . à gauche de la cabane , l' éminence s' abaissait brusquement , et laissait voir une suite de champs dont le premier dépendait sans doute de cette ferme .
Ces champs dessinaient de gracieux bocages séparés par des haies en terre , plantées d' arbres , et dont la première achevait l' enceinte de la cour .

LES CHOUANS (VIII, milit)
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