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Les légions devaient porter le nom des départements de la Sarthe , de l' Orne , de la Mayenne , d' Ille - et - Vilaine , du Morbihan , de la Loire - Inférieure et de Maine - et - Loire . Ces légions , disait la loi , spécialement employées à combattre les Chouans , ne pourraient , sous aucun prétexte , être portées aux frontières . Ces détails fastidieux , mais ignorés , expliquent à la fois l' état de faiblesse où se trouva le Directoire et la marche de ce troupeau d' hommes conduit par les Bleus .
Aussi , peut - être n' est - il pas superflu d' ajouter que ces belles et patriotiques déterminations directoriales n' ont jamais reçu d' autre exécution que leur insertion au Bulletin des Lois .
N' étant plus soutenus par de grandes idées morales , par le patriotisme ou par la terreur , qui les rendait naguère exécutoires , les décrets de la République créaient des millions et des soldats dont rien n' entrait ni au trésor ni à l' armée .
Le ressort de la Révolution s' était usé en des mains inhabiles , et les lois recevaient dans leur application l' empreinte des circonstances au lieu de les dominer .
Les départements de la Mayenne et d' Ille - et - Vilaine étaient alors commandés par un vieil officier qui , jugeant sur les lieux de l' opportunité des mesures à prendre , voulut essayer d' arracher à la Bretagne ses contingents , et surtout celui de Fougères , l' un des plus redoutables foyers de la chouannerie .
Il espérait ainsi affaiblir les forces de ces districts menaçants . Ce militaire dévoué profita des prévisions illusoires de la loi pour affirmer qu' il équiperait et armerait sur - le - champ les réquisitionnaires , et qu' il tenait à leur disposition un mois de la solde promise par le gouvernement à ces troupes d' exception .
Quoique la Bretagne se refusât alors à toute espèce de service militaire , l' opération réussit tout d' abord sur la foi de ces promesses , et avec tant de promptitude que cet officier s' en alarma .
Mais c' était un de ces vieux chiens de guérite difficiles à surprendre .
Aussitôt qu' il vit accourir au district une partie des contingents , il soupçonna quelque motif secret à cette prompte réunion d' hommes , et peut - être devina - t - il bien en croyant qu' ils voulaient se procurer des armes .
Sans attendre les retardataires , il prit alors des mesures pour tâcher d' effectuer sa retraite sur Alençon , afin de se rapprocher des pays soumis , quoique l' insurrection croissante de ces contrées rendit le succès de ce projet très problématique .
LES CHOUANS (VIII, milit)
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