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Le détachement des Bleus servait donc d' escorte à ce rassemblement d' hommes presque tous mécontents d' être dirigés sur Mayenne , où la discipline militaire devait promptement leur donner un même esprit , une même livrée et l' uniformité d' allure qui leur manquait alors si complètement .
Cette colonne était le contingent péniblement obtenu du district de Fougères , et dû par lui dans la levée que le Directoire exécutif de la République française avait ordonnée par une loi du 10 messidor précédent .
Le gouvernement avait demandé cent millions et cent mille hommes , afin d' envoyer de prompts secours à ses armées , alors battues par les Autrichiens en Italie , par les Prussiens en Allemagne , et menacées en Suisse par les Russes , auxquels Souvarov faisait espérer la conquête de la France .
Les départements de l' Ouest , connus sous le nom de Vendée , la Bretagne et une portion de la basse Normandie , pacifiés depuis trois ans par les soins du général Hoche après une guerre de quatre années , paraissaient avoir saisi ce moment pour recommencer la lutte .
En présence de tant d' agressions , la République retrouva sa primitive énergie .
Elle avait d' abord pourvu à la défense des départements attaqués , en en remettant le soin aux habitants patriotes par un des articles de cette loi de messidor .
En effet , le gouvernement , n' ayant ni troupes ni argent dont il pût disposer à l' intérieur , éluda la difficulté par une gasconnade législative : ne pouvant rien envoyer aux départements insurgés , il leur donnait sa confiance .
Peut - être espérait - il aussi que cette mesure , en armant les citoyens les uns contre les autres , étoufferait l' insurrection dans son principe . Cet article , source de funestes représailles , était ainsi conçu : Il sera organisé des compagnies franches dans les départements de l' Ouest .
Cette disposition impolitique fit prendre à l' Ouest une attitude si hostile , que le directoire désespéra d' en triompher de prime abord .
Aussi , peu de jours après , demanda - t - il aux Assemblées des mesures particulières relativement aux légers contingents dus en vertu de l' article qui autorisait les compagnies franches .
Donc , une nouvelle loi promulguée quelques jours avant le commencement de cette histoire , et rendue le troisième jour complémentaire de l' an VII , ordonnait d' organiser en légions ces faibles levées d' hommes .

LES CHOUANS (VIII, milit)
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