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" Hélas ! dit - elle à haute voix , je voudrais être morte ! Ma situation est intolérable ...
- Eh bien , qu' avez - vous donc ? demanda le bonhomme .
- Rien , rien " , dit - elle .
Elle se leva , laissa le colonel et descendit pour parler sans témoin à sa femme de chambre , qu' elle fit partir pour Paris , en lui recommandant de remettre elle - même à Delbecq la lettre qu' elle venait d' écrire , et de la lui rapporter aussitôt qu' il l' aurait lue .
Puis la comtesse alla s' asseoir sur un banc où elle était assez en vue pour que le colonel vînt l' y trouver aussitôt qu' il le voudrait . Le colonel , qui déjà cherchait sa femme , accourut et s' assit près d' elle .
" Rosine , lui dit - il , qu' avez - vous ? "
Elle ne répondit pas . La soirée était une de ces soirées magnifiques et calmes dont les secrètes harmonies répandent , au mois de juin , tant de suavité dans les couchers du soleil . L' air était pur et le silence profond , en sorte que l' on pouvait entendre dans le lointain du parc les voix de quelques enfants qui ajoutaient une sorte de mélodie aux sublimités du paysage .
" Vous ne me répondez pas ? demanda le colonel à sa femme .
- Mon mari ... " , dit la comtesse , qui s' arrêta , fit un mouvement , et s' interrompit pour lui demander en rougissant : " Comment dirai - je en parlant de M . le comte Ferraud ?
- Nomme - le ton mari , ma pauvre enfant , répondit le colonel avec un accent de bonté , n' est - ce pas le père de tes enfants ?
- Eh bien , reprit - elle , si monsieur me demande ce que je suis venue faire ici , s' il apprend que je m' y suis enfermée avec un inconnu , que lui dirai - je ? Écoutez , monsieur , reprit - elle en prenant une attitude pleine de dignité , décidez de mon sort , je suis résignée à tout ...
- Ma chère , dit le colonel en s' emparant des mains de sa femme , j' ai résolu de me sacrifier entièrement à votre bonheur ...
COLONEL CHABERT (III, privé)
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