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La spéculation se réalisait à huit ans d' échéance pendant lesquels l' avocat s' était épuisé à payer des intérêts et des sommes insignifiantes sur le capital dû . Les marchands proposaient eux - mêmes des loyers avantageux pour les boutiques , à condition de porter les baux à dix - huit années de jouissance . Les appartements acquéraient du prix par le changement du centre des affaires , qui se fixait alors entre la Bourse et la Madeleine , désormais le siège du pouvoir politique et de la finance à Paris .
La somme remise par le ministre , jointe à l' année payée d' avance et aux pots - de - vin consentis par les locataires , allaient réduire la dette de Victorin à deux cent mille francs .
Les deux immeubles de produit entièrement loués devaient donner cent mille francs par an .
Encore deux années , pendant lesquelles Hulot fils allait vivre de ses honoraires doublés par les places du maréchal , il se trouverait dans une position superbe .
C' était la manne tombée du ciel . Victorin pouvait donner à sa mère tout le premier étage du pavillon , et à sa soeur le deuxième , où Lisbeth aurait deux chambres . Enfin , tenue par la cousine Bette , cette triple maison supporterait toutes ses charges et présenterait une surface honorable , comme il convenait au célèbre avocat .
Les astres du Palais s' éclipsaient rapidement ; et Hulot fils doué d' une parole sage , d' une probité sévère , était écouté par les juges et par les conseillers ; il étudiait ses affaires , il ne disait rien qu' il ne pût prouver , il ne plaidait pas indifféremment toutes les causes , il faisait enfin honneur au barreau .
Son habitation , rue Plumet , était tellement odieuse à la baronne , qu' elle se laissa transporter rue Louis - le - Grand . Par les soins de son fils , Adeline occupa donc un magnifique appartement ; on lui sauva tous les détails matériels de l' existence , car Lisbeth accepta la charge de recommencer les tours de force économiques accomplis chez Mme Marneffe , en voyant un moyen de faire peser sa sourde vengeance sur ces trois si nobles existences , objet d' une haine attisée par le renversement de toutes ses espérances .
Une fois par mois , elle alla voir Valérie , chez qui elle fut envoyée par Hortense qui voulait avoir des nouvelles de Wenceslas , et par Célestine excessivement inquiète de la liaison avouée et reconnue de son père avec une femme à qui sa belle - mère et sa belle - soeur devaient leur ruine et leur malheur .
Comme on le suppose , Lisbeth profita de cette curiosité pour voir Valérie aussi souvent qu' elle le voulait .

LA COUSINE BETTE (VII, paris)
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