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Il alla prendre Hortense et la baisa au front . Il ouvrit ses bras à son fils qui s' y jeta désespérément en devinant les intentions de son père . Le baron fit un signe à Lisbeth , qui vint , et il l' embrassa au front . Puis il se retira dans sa chambre où Adeline , dont l' inquiétude était poignante , le suivit .
" Mon frère avait raison , Adeline , lui dit - il en la prenant par la main . Je suis indigne de la vie de famille . Je n' ai pas osé bénir autrement que dans mon coeur mes pauvres enfants , dont la conduite a été sublime ; dis - leur que je n' ai pu que les embrasser ; car , d' un homme infâme , d' un père qui devient l' assassin , le fléau de la famille au lieu d' en être le protecteur et la gloire , une bénédiction pourrait être funeste , mais je les bénirai de loin , tous les jours .
Quant à toi , Dieu seul , car il est tout - puissant , peut te donner des récompenses proportionnées à tes mérites ! ... Je te demande pardon , dit - il en s' agenouillant devant sa femme , lui prenant les mains et les mouillant de larmes .
- Hector ! Hector ! tes fautes sont grandes ; mais la miséricorde divine est infinie , et tu peux tout réparer en restant avec moi ... Relève - toi dans des sentiments chrétiens , mon ami ... Je suis ta femme et non ton juge .
Je suis ta chose , fais de moi tout ce que tu voudras , mène - moi où tu iras , je me sens la force de te consoler , de te rendre la vie supportable , à force d' amour , de soins et de respect ! ... Nos enfants sont établis , ils n' ont plus besoin de moi .
Laisse - moi tâcher d' être ton amusement , ta distraction . Permets - moi de partager les peines de ton exil , de ta misère , pour les adoucir . Je te serai toujours bonne à quelque chose , ne fût - ce qu' à t' épargner la dépense d' une servante ...
- Me pardonnes - tu , ma chère et bien aimée Adeline ?
- Oui ; mais , mon ami , relève - toi !
- Eh bien ! avec ce pardon , je pourrai vivre ! reprit - il en se relevant . Je suis rentré dans notre chambre pour que nos enfants ne fussent pas témoins de l' abaissement de leur père . Ah ! voir tous les jours devant soi un père criminel comme je le suis , il y a quelque chose d' épouvantable qui ravale le pouvoir paternel et qui dissout la famille .
Je ne puis donc rester au milieu de vous , je vous quitte pour vous épargner l' odieux spectacle d' un père sans dignité .
LA COUSINE BETTE (VII, paris)
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