----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

Sous cette coupole grise , chargée de neige , brillaient , assombris par la saillie très prononcée des deux arcades sourcilières , des yeux d' un bleu napoléonien , ordinairement tristes , pleins de pensées amères et de regrets . Ce rival de Bernadotte avait espéré se reposer sur un trône .
Mais ces yeux devenaient deux formidables éclairs lorsqu' un grand sentiment s' y peignait . La voix , presque toujours caverneuse , jetait alors des éclats stridents . En colère , le prince redevenait soldat , il parlait le langage du sous - lieutenant Cottin , il ne ménageait plus rien .
Hulot d' Ervy aperçut ce vieux lion , les cheveux épars comme une crinière , debout à la cheminée , les sourcils contractés , le dos appuyé au chambranle et les yeux distraits en apparence .
" Me voici à l' ordre , mon prince ! " dit Hulot gracieusement et d' un air dégagé .
Le maréchal regarda fixement le directeur sans mot dire pendant tout le temps qu' il mit à venir du seuil de la porte à quelques pas de lui . Ce regard de plomb fut comme le regard de Dieu , Hulot ne le supporta pas , il baissa les yeux d' un air confus . " Il sait tout " , pensa - t - il .
" Votre conscience ne vous dit - elle rien ? demanda le maréchal de sa voix sourde et grave .
- Elle me dit , mon prince , que j' ai probablement tort de faire , sans vous en parler , des razzias en Algérie . à mon âge et avec mes goûts , après quarante - cinq ans de services , je suis sans fortune . Vous connaissez les principes des quatre cents élus de la France .

LA COUSINE BETTE (VII, paris)
Page: 341