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Beaucoup de femmes mariées , attachées à leurs devoirs et à leurs maris , pourront ici se demander pourquoi ces hommes si forts et si bons , si pitoyables à des Mme Marneffe , ne prennent pas leurs femmes , surtout quand elles ressemblent à la baronne Adeline Hulot , pour l' objet de leur fantaisie et de leurs passions .
Ceci tient aux plus profonds mystères de l' organisation humaine . L' amour , cette immense débauche de la raison , ce mâle et sévère plaisir des grandes âmes , et le plaisir , cette vulgarité vendue sur la place , sont deux faces différentes d' un même fait .
La femme qui satisfait ces deux vastes appétits des deux natures est aussi rare , dans le sexe , que le grand général , le grand écrivain , le grand artiste , le grand inventeur , le sont dans une nation .
L' homme supérieur comme l' imbécile , un Hulot comme un Crevel , ressentent également le besoin de l' idéal et celui du plaisir ; tous vont cherchant ce mystérieux androgyne , cette rareté , qui , la plupart du temps , se trouve être un ouvrage en deux volumes .
Cette recherche est une dépravation due à la société .
Certes , le mariage doit être accepté comme une tâche , il est la vie avec ses travaux et ses durs sacrifices également faits des deux côtés . Les libertins , ces chercheurs de trésors , sont aussi coupables que d' autres malfaiteurs plus sévèrement punis qu' eux .
Cette réflexion n' est pas un placage de morale , elle donne la raison de bien des malheurs incompris . Cette Scène porte d' ailleurs avec elle ses moralités qui sont de plus d' un genre .
Le baron alla promptement chez le maréchal prince de Wissembourg , dont la haute protection était sa dernière ressource . Protégé par le vieux guerrier depuis trente - cinq ans , il avait les entrées grandes et petites , il put pénétrer dans les appartements à l' heure du lever .
" Eh ! bonjour , mon cher Hector , dit ce grand et bon capitaine . Qu' avez - vous ? vous paraissez soucieux . La session est finie , cependant . Encore une de passée ! je parle de cela maintenant , comme autrefois de nos campagnes .
Je crois , ma foi , que les journaux appellent aussi les sessions , des campagnes parlementaires .

LA COUSINE BETTE (VII, paris)
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