----- Revenir à l'écran précédent par la commande BACK -----

" Eh bien ! pourquoi vous arrêtez - vous ? dit - elle d' une voix creuse , je serai pour vous tout ce que j' étais pour lui . Oh ! je lui aurais donné tout mon sang ...
- Vous l' aimez donc ? ...
- Comme s' il était mon enfant ! ...
- Eh bien ! reprit Mme Marneffe en respirant à l' aise , puisque vous ne l' aimez que comme ça , vous allez être bien heureuse , car vous le voulez heureux ? "
Lisbeth répondit par un signe de tête rapide comme celui d' une folle .
" Il épouse dans un mois votre petite cousine .
- Hortense ? cria la vieille fille en se frappant le front et en se levant .
- Ah çà ! vous l' aimez donc ce jeune homme ? demanda Mme Marneffe .
- Ma petite , c' est entre nous à la vie à la mort , dit Mlle Fischer . Oui , si vous avez des attachements , ils me seront sacrés . Enfin , vos vices deviendront pour moi des vertus , car j' en aurai besoin , moi , de vos vices !
- Vous viviez donc avec lui ? s' écria Valérie .
- Non , je voulais être sa mère ...
- Ah ! je n' y comprends plus rien , reprit Valérie , car alors vous n' êtes pas jouée ni trompée , et vous devez être bien heureuse de lui voir faire un beau mariage , le voilà lancé . D' ailleurs , tout est bien fini pour vous , allez .
Notre artiste va tous les jours chez Mme Hulot , dès que vous sortez pour dîner ... "
" Adeline ! se dit Lisbeth . Oh ! Adeline , tu me le payeras , je te rendrai plus laide que moi ! ... "
" Mais vous voilà pâle comme une morte ! reprit Valérie . Il y a donc quelque chose ? ... Oh ! suis - je bête ! la mère et la fille doivent se douter que vous mettriez des obstacles à cet amour , puisqu' ils se cachent de vous , s' écria Mme Marneffe ; mais , si vous ne viviez pas avec le jeune homme , tout cela , ma petite , est pour moi plus obscur que le coeur de mon mari ...
- Oh ! vous ne savez pas , vous , reprit Lisbeth , vous ne savez pas ce que c' est que cette manigance - là ! c' est le dernier coup qui tue ! En ai - je reçu des meurtrissures à l' âme ! Vous ignorez que depuis l' âge où l' on sent , j' ai été immolée à Adeline ! On me donnait des coups , et on lui faisait des caresses ! J' allais mise comme un souillon , et elle était vêtue comme une dame .

LA COUSINE BETTE (VII, paris)
Page: 146