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En effet , il n' apercevait là ni moquerie , ni orgies , ni dépenses folles , ni dépravation , ni mépris des choses sociales , ni cette indépendance absolue qui , chez l' actrice et chez la cantatrice , avaient causé tous ses malheurs .
Il échappait également à cette rapacité de courtisane , comparable à la soif du sable .
Mme Marneffe , devenue son amie et sa confidente , faisait d' étranges façons pour accepter la moindre chose de lui . " Bon pour les places , les gratifications , tout ce que vous pouvez nous obtenir du gouvernement ; mais ne commencez pas par déshonorer la femme que vous dites aimer , disait Valérie , autrement je ne vous croirai pas ... Et j' aime à vous croire " , ajoutait - elle avec une oeillade à la sainte Thérèse guignant le ciel .
à chaque présent , c' était un fort à emporter , une conscience à violer . Le pauvre baron employait des stratagèmes pour offrir une bagatelle , fort chère d' ailleurs , en s' applaudissant de rencontrer enfin une vertu , de trouver la réalisation de ses rêves .
Dans ce ménage primitif ( disait - il ) , le baron était aussi dieu que chez lui . M . Marneffe paraissait être à mille lieues de croire que le Jupiter de son ministère eût l' intention de descendre en pluie d' or chez sa femme , et il se faisait le valet de son auguste chef .
Mme Marneffe , âgée de vingt - trois ans , bourgeoise pure et timorée , fleur cachée dans la rue du Doyenné , devait ignorer les dépravations et la démoralisation courtisanesques qui maintenant causaient d' affreux dégoûts au baron , car il n' avait pas encore connu les charmes de la vertu qui combat , et la craintive Valérie les lui faisait savourer , comme dit la chanson , tout le long de la rivière .
Une fois la question ainsi posée entre Hector et Valérie , personne ne s' étonnera d' apprendre que Valérie ait su d' Hector le secret du prochain mariage du grand artiste Steinbock avec Hortense . Entre un amant sans droits et une femme qui ne se décide pas facilement à devenir une maîtresse , il se passe des luttes orales et morales où la parole trahit souvent la pensée , de même que dans un assaut le fleuret prend l' animation de l' épée du duel .
L' homme le plus prudent imite alors M .

LA COUSINE BETTE (VII, paris)
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