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Cette petite guerre n' alla pas sans des dîners au Rocher de Cancale , sans des parties de spectacle , sans beaucoup de cadeaux en mantilles , en écharpes , en robes , en bijoux . L' appartement de la rue du Doyenné déplaisait , le baron complota d' en meubler un magnifiquement , rue Vaneau , dans une charmante maison moderne .
M . Marneffe obtint un congé de quinze jours à prendre dans un mois , pour aller régler des affaires d' intérêt dans son pays , et une gratification . Il se promit de faire un petit voyage en Suisse pour y étudier le beau sexe .
Si le baron Hulot s' occupa de sa protégée , il n' oublia pas son protégé . Le ministre du commerce , le comte Popinot , aimait les arts : il donna deux mille francs d' un exemplaire du groupe de Samson , à la condition que le moule serait brisé , pour qu' il n' existât que son Samson et celui de Mlle Hulot .
Ce groupe excita l' admiration d' un prince à qui l' on porta le modèle de la pendule et qui la commanda ; mais elle devait être unique , et il en offrit trente mille francs .
Les artistes consultés , au nombre desquels fut Stidmann , déclarèrent que l' auteur de ces deux oeuvres pouvait faire une statue . Aussitôt , le maréchal prince de Wissembourg , ministre de la Guerre et président du comité de souscription pour le monument du maréchal Montcornet , fit prendre une délibération par laquelle l' exécution en était confiée à Steinbock .
Le comte de Rastignac , alors sous - secrétaire d' État , voulut une oeuvre de l' artiste dont la gloire surgissait aux acclamations de ses rivaux .
Il obtint de Steinbock le délicieux groupe des deux petits garçons couronnant une petite fille , et il lui promit un atelier au Dépôt des marbres du gouvernement , situé , comme on sait , au Gros - Caillou .
Ce fut le succès , mais le succès comme il vient à Paris , c' est - à - dire fou , le succès à écraser les gens qui n' ont pas des épaules et des reins à le porter , ce qui , par parenthèse , arrive souvent . On parlait dans les journaux et dans les revues du comte Wenceslas Steinbock , sans que lui ni Mlle Fischer en eussent le moindre soupçon .
Tous les jours dès que Mlle Fischer sortait pour dîner , Wenceslas allait chez la baronne .
Il y passait une ou deux heures , excepté le jour où la Bette venait chez sa cousine Hulot . Cet état de choses dura pendant quelques jours .

LA COUSINE BETTE (VII, paris)
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